Algérie – France : éxilés chez l’ennemi

Jusqu’en mai, la Cité de l’immigration, à Paris, se penche sur le quotidien des Algériens de France lors de la guerre de libération.

Affiche de l’exposition Vies d’exil. © DR

Affiche de l’exposition Vies d’exil. © DR

Renaud de Rochebrune

Publié le 29 octobre 2012 Lecture : 1 minute.

« Malgré toutes les vicissitudes auxquelles il nous expose, l’exil nous fait en même temps moins étranger au monde, ses chemins sont, dans la mesure où nous le voulons, les plus sûrs à nous mener vers l’Autre, notre semblable. » C’est sur cette belle citation de l’écrivain algérien Mohammed Dib, tirée de son ouvrage L’Arbre à dires, que se clôt l’exposition « Vies d’exil » à la Cité de l’immigration, à Paris. Consacrée à la vie quotidienne des Algériens dans l’Hexagone pendant la guerre de libération, elle montre éloquemment, nombreux documents à l’appui (presse grand public ou militante de l’époque, témoignages filmés, objets divers, etc.), à quel point les Algériens présents sur le sol de la métropole, comme on disait alors, ne furent pas considérés entre 1954 et 1962 comme des semblables par les habitants de leur terre d’accueil.

Déjà victimes d’une forte ségrégation sociale, ces exilés sur la rive nord de la Méditerranée sont de plus en plus victimes du racisme au fur et à mesure que la guerre se poursuit. Car les autorités françaises comme une bonne partie de la population les associent aux actions souvent violentes menées par les nationalistes.

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La guerre a donc provoqué un bouleversement de la vie quotidienne des émigrés, pour une bonne part des Kabyles qui travaillent dans le bâtiment ou l’industrie. Mais ces Algériens de plus en plus nombreux (environ 220 000 en 1954, 350 000 en 1962), regroupés à la périphérie des grandes villes dans des cités ou, notamment à Paris, dans d’immenses bidonvilles comme ceux de Gennevilliers ou Nanterre, continuent de fréquenter ces lieux de rencontre privilégiés que sont les cafés-hôtels. Et, quand ils le peuvent, de se distraire, par exemple à l’écoute de la musique de Slimane Azem, qui chante le mal du pays. En témoigne l’imposante partie culturelle de cette exposition conçue par les historiens Benjamin Stora et Linda Amiri, très riche – prévoir d’y passer plusieurs heures – et passionnante de bout en bout.

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