Bénin : épouse et concubines
La nouvelle saison de la série béninoise « Deuxième Bureau » est en tournage. Au scénario : l’écrivain Florent Couao-Zotti.
Surtout, ne lui dites pas que « deuxième bureau » rime avec Afrique. « C’est un phénomène mondial ! » rétorque malicieusement Florent Couao-Zotti. Le célèbre écrivain béninois, auteur de Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au cochon de le dire, rempile dans le rôle de scénariste pour la seconde saison de la série franco-béninoise au nom si évocateur.
L’expression familière « avoir un deuxième bureau » est aujourd’hui entrée dans le langage commun de nombreux pays d’Afrique subsaharienne et signifie tromper son épouse ou sa petite amie. Prudent, le romancier tente même d’en expliquer l’origine : « C’est à prendre avec des pincettes, mais on dit que cette expression a été inventée par une Ivoirienne. Son mari, rentrant tardivement tous les soirs en prétextant avoir beaucoup de travail au bureau, elle lui aurait lancé un jour : "Dis plutôt que c’est ton deuxième bureau !" »
Simple formule ou réel phénomène de société, le thème inspire depuis des années romanciers, cinéastes et chanteurs. Florent Couao-Zotti ne s’y est pas trompé en en faisant le point de départ d’une série dont la première saison a été diffusée en 2008. « La saison 1 était avant tout un essai, puisqu’il n’y avait que 7 épisodes. Nous avons pris le temps pour réfléchir à une nouvelle formule afin d’aller plus loin. »
Humour
Résultat : 26 nouveaux épisodes de vingt-six minutes chacun. Le tournage a débuté en août, et la diffusion est prévue pour début 2013 sur une cinquantaine de chaînes du réseau Canal France International. Les acteurs, une vingtaine, sont pour la plupart des stars béninoises de la télévision comme Patrick Smith, Marguerite Johnson, Akala Akambi ou Delphine Abo. Sanvi Panou, le réalisateur togolais qui avait déjà réalisé la précédente saison, a également répondu présent. Pour les initiateurs du projet, le défi est de taille : sortir des sentiers battus, apporter une originalité face à des indéboulonnables du genre comme la série ivoirienne Ma famille. « C’est une série culte, qui a fait école. Mais les gens se sont lassés, car ils ont senti que cela tournait en rond et qu’il n’y avait pas de renouvellement », avance le romancier.
Parfois, il faut mettre des claques aux hommes pour les réveiller de leur bêtise.
Florent Couao-Zotti
Dans Deuxième Bureau, tout se passe autour de la famille Tampi. Léonard, la cinquantaine bien installée, tente de reconquérir son épouse, Délalie, qui vient de le quitter à cause de ses infidélités répétées. Leurs deux enfants, Ayoko et Chris, s’emploient à raisonner des parents à leur goût trop peu soucieux des valeurs familiales. Autour d’eux, des maîtresses prêtes à tout pour faire perdre la tête au père de famille. Scènes de ménage, amour, argent, mais aussi internet, chantage et photos coquines volées : tout en gardant son intemporalité, l’histoire s’inscrit dans l’air du temps.
« Dans la première saison, les femmes donnaient l’impression d’être de simples objets aux mains des hommes. Cette fois-ci, elles prennent le pouvoir », s’exclame Florent Couao-Zotti. Il ajoute : « Épouses ou maîtresses, elles décident d’en faire voir de toutes les couleurs aux hommes. Ce sont elles les manipulatrices. »
Le scénariste confie avoir voulu dénoncer les dérives des deuxième, troisième, voire quatrième bureau et leurs conséquences néfastes pour les familles. Est-il pour autant féministe ? À cette question, l’amoureux des mots choisit l’esquive et explique, non sans humour : « Je ne sais pas si je suis du côté des femmes. Mais je me dis parfois qu’il faut mettre des claques aux hommes pour les réveiller de leur bêtise ! » À bon entendeur.
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