États-Unis : Romney échoue aux portes de Benghazi

Lors du deuxième débat présidentiel, le candidat républicain comptait bien mettre son adversaire en difficulté en exploitant la mort de quatre Américains en Libye, le 11 septembre. Il en a été pour ses frais.

Index contre index, l’affrontement du 16 octobre entre Romney et Obama a été électrique. © Saul Loeb/AFP

Index contre index, l’affrontement du 16 octobre entre Romney et Obama a été électrique. © Saul Loeb/AFP

Publié le 24 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

Que s’est-il vraiment passé lors de l’attaque du consulat américain à Benghazi, le 11 septembre ? On sait que quatre Américains, parmi lesquels l’ambassadeur en Libye, le très apprécié Christopher Stevens, y ont trouvé la mort… Entretenues par les cafouillages de l’administration Obama, les incertitudes sur les circonstances exactes de l’attaque provoquent de belles empoignades, républicains et démocrates s’efforçant d’exploiter politiquement deux questions encore sans réponse : 1. S’agissait-il d’une opération terroriste menée par Al-Qaïda ? 2. L’administration Obama a-t-elle oui ou non sacrifié la sécurité de l’ambassadeur Stevens en refusant la protection supplémentaire qu’il demandait ?

Bien sûr, les partisans de Mitt Romney tentent d’accréditer cette idée. Ils espèrent que « l’affaire Benghazi » plombera Barack Obama comme la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, en 1979, avait contribué à la victoire de Ronald Reagan face à Jimmy Carter. Coïncidence, un film relatant ce tragique épisode vient d’ailleurs de sortir sur les écrans américains…

En 1979, la prise d’otages à l’ambassade de Téhéran avait contribué à la défaite de Carter.

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Lors du débat, le deuxième, qui, le 16 octobre, l’a opposé à Obama, Romney a déclenché une belle passe d’armes en accusant Obama de n’avoir jamais évoqué la nature terroriste de l’attaque. Or le 12 septembre, dans les jardins de la Maison Blanche, le président avait bel et bien parlé d’un « acte de terreur ». Romney le contestant vigoureusement, il a fallu que Candy Crowley, la modératrice de CNN, le reprenne en direct. Bref, cette question censée être un embarras pour Obama a tourné à son avantage. Les premiers sondages le confirment : Obama a remporté ce deuxième débat, alors qu’il avait perdu le premier.

Polémiques

Le président a rappelé à son adversaire que celui-ci, quelques heures après l’attaque, s’était empressé d’accuser l’administration d’avoir capitulé devant les extrémistes. Puis il a endossé l’uniforme de commander in chief et a fermement défendu les décisions de son équipe. « Ceux qui s’en prennent aux Américains doivent savoir qu’ils en paieront le prix », a-t-il averti. Sous-entendu : souvenez-vous d’Oussama Ben Laden.

Reste que toutes les incertitudes sur les circonstances de l’attaque sont encore loin d’être levées. Et que les polémiques se poursuivent. À la Chambre des représentants, une commission d’enquête présidée par deux républicains a été mise en place. Devant elle, l’ancien chef de la sécurité de l’ambassade américaine à Tripoli a confirmé qu’un renfort de seize militaires lui avait été refusé, mais il semble que cette demande concernait la seule ambassade, et non le consulat de Benghazi. De toute façon, comme l’a souligné devant la commission le représentant du département d’État, on voit mal comment ces renforts auraient pu permettre de repousser l’assaut de plusieurs dizaines d’hommes très lourdement armés… Et puis les républicains oublient de dire qu’en 2011 et 2012 ils ont rogné de 500 millions de dollars les crédits demandés par l’administration pour sécuriser les ambassades. Même l’implication d’Al-Qaïda, qui paraissait certaine, ne l’est plus autant depuis la parution, le 16 octobre, d’un article du New York Times accréditant la thèse d’une protestation spontanée qui aurait dégénéré – et dans laquelle Al-Qaïda n’aurait donc joué aucun rôle.

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La lumière viendra-t-elle du panel d’experts indépendants mis en place par Hillary Clinton ? Peut-être. En attendant, la secrétaire d’État a pris soin d’endosser l’entière responsabilité de l’échec de Benghazi. Et de dédouaner du même coup le candidat-président.

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