Maroc : Mohammed VI, voyageur multicarte
Au menu de la tournée moyen-orientale du roi du Maroc Mohammed VI, les investissements et la crise syrienne. Avec un fil rouge : renforcer le partenariat entre Rabat et le Conseil de coopération du Golfe.
En mai 2011, l’offre faite au Maroc et à la Jordanie de rejoindre le Conseil de coopération du Golfe (CCG) avait fait jaser, puis sourire. On se demandait alors ce que viendraient faire ces deux États dans le club très fermé des pétromonarchies. Pourtant, le royaume chérifien a finalement ouvert, quelques mois plus tard, un partenariat stratégique avec le CCG. Ce cadre de coopération prévoit notamment le financement de projets de développement à hauteur de 5 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros) sur cinq ans.
C’est donc sans surprise que la visite de Mohammed VI dans la région a fait la part belle aux affaires. L’importante délégation marocaine, composée de conseillers royaux et de membres du gouvernement, a parlé infrastructures, énergie, nouvelles technologies, banque et industrie. Dans un contexte de crise économique en Europe, Rabat cherche des relais d’investissement et s’appuie pour cela sur ses bonnes relations avec les monarchies du Golfe, notamment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – dont le roi, Abdallah, qui séjourne régulièrement au Maroc, était encore à Bouskoura en septembre dernier. L’ampleur de la tournée menée par Mohammed VI en Arabie saoudite, en Jordanie, au Qatar, aux Émirats arabes unis et au Koweït autorise à parler de véritable offensive diplomatique.
Cinq pays visités en dix jours par un roi tour à tour VRP, pèlerin, humanitaire et diplomate…
Première étape : Djeddah, où le souverain est arrivé le 16 octobre au soir. L’occasion de tirer quelques leçons sur le fonctionnement du premier cercle entourant Mohammed VI et sa stratégie d’influence. Lors des entretiens à haut niveau, le conseiller Omar Azziman était au centre, flanqué de ses collègues du cabinet royal : Zoulikha Nasri, Fouad Ali El Himma et Yassir Zenagui. Légèrement en retrait, sept membres du gouvernement Benkirane représentaient les principaux ministères concernés (Affaires étrangères, Affaires islamiques, Économie et Finances, Agriculture, Équipement et Transport, Santé, Énergie). Le pouvoir d’orientation et de coordination de l’entourage royal, jusqu’ici discret, apparaît donc aujourd’hui au grand jour.
Deuxième image, celle de Zoulikha Nasri, voilée pour se conformer à l’étiquette locale, mais au premier rang de la suite du souverain. Elle était à ses côtés à La Mecque, où le roi a accompli la omra, le petit pèlerinage, sous les vivats de badauds à l’accent marocain reconnaissable.
Plus discret, le patron des renseignements extérieurs marocains, Yassine Mansouri, était aussi du voyage. On ne saura rien sur sa rencontre avec le prince Bandar Ibn Sultan, le nouveau chef des services secrets saoudiens, mais la coopération sécuritaire entre les deux pays est certaine.
Bain de foule
À Amman, ensuite, Mohammed VI s’est entretenu avec son homologue, Abdallah II. Ils ont longuement évoqué la crise syrienne lors d’un entretien bilatéral, le 18 octobre, au palais Al-Hummar. Le chef de l’État marocain s’est aussi rendu dans le camp de Zaâtari (nord-est de la Jordanie), où sont hébergés près de 30 000 réfugiés syriens. Mohammed VI a visité un hôpital de campagne mis en place par l’armée marocaine, écoutant les explications des gradés, se penchant au chevet de jeunes accouchées, s’enquérant de l’état de santé d’enfants soignés sur place. Le souverain s’est même offert un bain de foule parmi les réfugiés, dans une belle cohue. L’occasion de marquer sa solidarité avec le peuple syrien et de projeter, au-delà des frontières, l’image d’un roi humble et proche des gens.
Quelques heures après la diffusion de ces images sur les sites web et les réseaux sociaux, les réactions à ce début de tournée diplomatique étaient globalement enthousiastes.
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