Japon : Sayonara, Tokyo !

Des Japonais partent travailler à l’étranger, épousent une autochtone et… n’osent plus rentrer chez eux par crainte des réactions hostiles de leurs propres compatriotes.

Un drapeau japonais sur une joue, un drapeau thaïlandais sur l’autre. © Chaiwat Subprasom/ Reuters

Un drapeau japonais sur une joue, un drapeau thaïlandais sur l’autre. © Chaiwat Subprasom/ Reuters

Publié le 19 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

« J’ai renoncé à retourner dans mon pays : jamais ma femme et mes enfants n’y seraient acceptés. » Pour Toshiyuki, enseignant depuis cinq ans à l’école japonaise de Jakarta, la décision a été difficile à prendre. « Il n’y avait pas d’autre choix, raconte-t-il. Je savais que si j’épousais une Indonésienne, même diplômée, ma famille ne serait pas la bienvenue à Tokyo. » Comme il le dit lui-même : « On naît japonais, on ne le devient pas. » Cette cruelle décision, des milliers d’expatriés l’ont déjà prise. À contrecoeur, ils sont venus grossir les rangs des nikkeijin, les membres de la diaspora nippone installés depuis des siècles hors de l’archipel.

À l’origine des premières grandes vagues d’émigration, au XIXe siècle : la volonté de faire fortune. Depuis, les motivations ont évolué. Certes, les expatriés, qui vivent pour la plupart confortablement à l’étranger, redoutent une dégradation de leur niveau de vie en cas de retour au pays. Mais l’impossibilité pour les couples mixtes de s’intégrer dans la société japonaise reste le principal obstacle. Et puis, ils trouvent souvent loin de chez eux une qualité de vie que leur pays n’offre plus.

« On naît japonais, on ne le devient pas ». Comment un couple mixte pourrait-il s’intégrer ?

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Première destination de ces nouveaux émigrants : l’Asie du Sud-Est, où, dès les années 1970, des centaines de sociétés japonaises se sont installées. À Jakarta, Manille ou Bangkok, les « petits Tokyos » fleurissent. Ils (re)naissent souvent sur les lieux mêmes où, pendant la Seconde Guerre mondiale, les troupes d’occupation avaient pris leurs quartiers. Parfois, ils prospèrent sur le site d’anciens villages nippons, comme à Ayutthaya, en Thaïlande, où vient de sortir de terre un gigantesque complexe immobilier de sept cents appartements exclusivement destinés aux « nouveaux nikkeijin ».

À l’origine, seuls les retraités fortunés faisaient le choix de s’installer à l’étranger. Notamment en Malaisie, où les autorités proposent aux Japonais un visa de longue durée pour tout investissement dans l’immobilier de luxe. Mais le phénomène s’est considérablement élargi. Le tsunami de 2011, la catastrophe de Fukushima et la peur d’un nouvel accident nucléaire incitent désormais les actifs célibataires, les jeunes couples et les familles à sauter le pas.

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