Maroc : à Fès, l’Alliance des civilisations affiche ses bonnes intentions
Les 22 et 23 novembre, Fès accueillait le Forum de l’Alliance des civilisations, une organisation onusienne chargée de favoriser le dialogue interculturel et interreligieux.
Depuis la fin des restrictions drastiques – fermeture des frontières, confinement, limitation des déplacements – décidées par le Maroc pour lutter contre le Covid-19, le royaume n’en finit plus d’organiser ou d’accueillir des sommets en tout genre, qui demeurent très souvent des plateformes de mises en relation et de « réseautage ».
C’était une nouvelle fois le cas en ce début de semaine avec la 9e édition du Forum de l’Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC), co-présidé par le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et qui se tenait pour la première fois en Afrique.
Le royaume n’est toutefois pas à l’origine de l’événement mais son hôte, l’UNOAC étant une organisation directement rattachée à l’ONU. Presque intégralement préparé en anglais, le Forum a réuni une cinquantaine de diplomates, hommes et femmes politiques, ainsi que des représentants de différentes communautés religieuses. Thème des rencontres : « Vers une alliance de paix : vivre ensemble comme une seule humanité ».
Montée de la menace nucléaire
Après un discours inaugural prononcé par le conseiller royal André Azoulay, le Haut Représentant de l’UNAOC, Miguel Ángel Moratinos, a démarré son intervention en réfutant la célèbre et très controversée thèse du politologue américain Samuel Huntington. « Il n’y a pas de choc des civilisations. Il y a un conflit d’intérêts et un conflit d’ignorances », a déclaré, en guise d’introduction, l’ancien ministre espagnol des Affaires étrangères.
Présent lui aussi à Fès, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a ajouté que la situation actuelle est comparable à celle qui avait conduit à la création de l’Alliance des civilisations. « Rarement l’Autre aura été autant associé à la suspicion et à la peur. Le populisme agite les sociétés et invente des questions sans y répondre », a regretté António Guterres, qui a également mis en garde contre la menace nucléaire croissante, alimentée par une « rhétorique dangereuse ».
Créée en 2005, l’UNAOC, fruit d’une initiative commune de l’Espagne et de la Turquie, a pour objectif de renforcer le dialogue et la coopération entre les communautés, les cultures et les civilisations. Dans le contexte actuel d’accroissement des tensions entre les pays du Nord et du Sud, lié notamment à la question migratoire, cette Alliance des civilisations des Nations unies aurait en théorie un rôle important à jouer.
Çavuşoğlu réclame plus de moyens
C’est sans doute ce qui explique pourquoi le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoğlu, a poliment interpellé le secrétaire général de l’ONU pour lui réclamer « amicalement et diplomatiquement » davantage de moyens financiers pour l’institution.
Une manière détournée de faire remarquer que l’Alliance, en particulier dans un contexte de guerre et de crise internationale, aurait vocation à faire plus et mieux. Le lieu choisi, la liste des invités et participants, ainsi que les discours souvent bien préparés ont certes permis de faire de l’événement organisé à Fès un succès sur la forme.
Néanmoins, si l’on excepte l’adoption d’une très officielle « Déclaration de Fès », qui reprend les différents éléments de langage des participants, qu’il s’agisse de « l’importance du rôle central de l’éducation, de la lutte contre la discrimination et l’intolérance », ou encore de « la redynamisation du multilatéralisme par la culture de la paix », les répercussions concrètes de ce forum restent à définir.
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