Présidentielle américaine : Mitt Romney, un vrai caméléon diplomatique
Mitt Romney a exposé, le 7 octobre, les grandes lignes de la politique étrangère qu’il entend proposer aux Américains. L’ennui est qu’il en change tous les trois mois !
La politique étrangère de Mitt Romney, c’est un peu comme le sexe des anges : difficile à définir. Est-il un néoconservateur à la Paul Wolfowitz, un réaliste ou un conservateur traditionnel ? Le grand discours qu’il a prononcé à l’Institut militaire de Virginie, le 7 octobre, un peu plus d’une semaine avant le deuxième débat qui l’opposera à Barack Obama, n’a pas permis de trancher.
Certes, sa rhétorique s’apparente clairement à celle de George W. Bush : « Il est de la responsabilité du président des États-Unis d’utiliser la superpuissance de l’Amérique afin de façonner l’Histoire… » Sur le fond, c’est une autre histoire. Certes, il ne ménage pas la politique moyen-orientale d’Obama, qui, quelques semaines après l’attaque du consulat américain à Benghazi, laisserait « l’Amérique à la merci des événements ». De même, il voit dans le retrait des forces américaines d’Afghanistan, en 2014, « un abandon du peuple de ce pays aux mêmes extrémistes qui commanditèrent les attaques du 11 septembre 2001 ». L’ennui est que, il y a peu, il qualifiait le conflit afghan de « guerre d’indépendance » dans laquelle il minimisait le rôle des États-Unis !
Pas de différences majeures avec Obama
Comme Bush, Romney n’est pas avare de simplifications outrancières, comme lorsqu’il parle de lutter contre ceux qui « sont en guerre perpétuelle contre l’Occident ». Interventionniste voire belliqueux, il promet de s’attaquer « dès le lendemain de [son] élection » à la Chine, coupable de sous-évaluer sa monnaie. Quant à la Russie, elle reste pour lui l’ennemi géopolitique principal.
Pourtant, derrière ces rodomontades dont l’objectif essentiel est de se démarquer d’Obama dans un domaine, la politique étrangère, qui ne lui est, tous les sondages le prouvent, pas favorable, il n’y a rien, ou pas grand-chose. Sur la Syrie, il appelle à armer les rebelles, mais omet de préciser si les États-Unis doivent se charger de la tâche. Sur le dossier du nucléaire iranien, il affirme que rien ne devrait séparer la position de son pays de celle d’Israël, mais il ne promet nullement de frapper la République islamique de concert avec ce dernier. Tout juste s’engage-t-il à faire « comprendre à l’Iran que les États-Unis et ses alliés ne toléreront pas son programme nucléaire ». Il brandit même la menace de nouvelles sanctions économiques. Quelle différence avec la politique d’Obama ?
Il ne veut pas être une copie de Bush. Pas question de jouer les va-t-en-guerre en Syrie ou en Iran.
À en croire la directrice d’un think-tank conservateur (dans le New York Times), « le but de Romney était de montrer qu’il ne serait pas une copie de Bush, qu’il ne jouerait pas les va-t-en-guerre en Syrie ou en Iran ». Mais a-t-il les idées très claires sur la politique qu’il entend mener ? La vérité est qu’il change d’opinion comme de chemise. En Virginie, il a déclaré son intention d’établir un État palestinien viable. Or quelques semaines auparavant, dans la fameuse vidéo enregistrée à son insu, il jugeait la chose impossible…
À sa décharge, il n’est guère aidé par son équipe de conseillers, improbable attelage composé de réalistes, tel Robert Zoellick, l’ancien président de la Banque mondiale, et de néoconservateurs purs et durs, comme John Bolton, l’ancien ambassadeur aux Nations unies. Entre les deux, il n’a pas encore tranché. Comme le dit l’un de ses proches conseillers, « nous n’avons aucun intérêt à relancer les guerres intestines qui avaient cours dans l’administration Bush. En tout cas, pas dans le mois précédant l’élection ». C’est donc après le 6 novembre que les Américains – et le monde avec eux – découvriront quel Mitt Romney ils auront élu.
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