Maroc : Ahmed Kher, trahi par le Front

Né à Dakhla, Ahmed Kher (52 ans) est membre de la tribu Izarguien

Ahmed Kher fut commissaire politique aux premières heures du Front. © Vincent Fournier pour J.A.

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Publié le 23 octobre 2012 Lecture : 1 minute.

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Lui et son compagnon d’infortune Dahi Aguai en font encore des cauchemars. De ces trous dans le désert où on les jetait à ciel ouvert, au bord desquels leurs gardiens venaient uriner à tour de rôle sur les détenus. Ahmed Kher était un jeune étudiant sahraoui idéaliste, indépendantiste et ami du fondateur du Polisario, El Ouali Mustapha Sayed. Commissaire politique aux premières heures du Front, proche de la tendance « libyenne » à une époque où Kadhafi et Boumédiène rivalisaient pour prendre le contrôle de l’organisation, ce fils de militaire est brusquement arrêté le 28 février 1975 à Tindouf par Brahim Ghali, le bras droit de Mohamed Abdelaziz, alors chef de file de l’aile « algérienne » du Polisario.

"Disparus" du Polisario

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Avec Dahi Aguai, interpellé en même temps que lui, il est transféré au camp de Rabbouni, puis enterré pendant quatre mois dans une cellule creusée à même le sol. Suivent des années de travaux forcés pendant lesquels Kher et Aguai sont régulièrement battus, dénudés, exhibés comme traîtres devant les enfants des écoles. Aguai est libéré en 1981 ; Kher, lui, devra attendre encore sept ans avant de se voir assigné à résidence. Adopté par Amnesty International, il finit par s’évader en août 1994 avec la complicité d’un contrebandier. Direction Zouerate, puis Dakhla. Depuis, comme Dahi Aguai, il a fondé sa propre association de soutien aux « disparus » du Polisario. Un moyen de subsister grâce aux subventions du Maroc. Mais aussi de ne pas oublier ces temps de douleur où, pour survivre, ils recevaient chaque jour un quignon de pain, un verre d’eau et un gobelet d’huile. 

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