Béjaïa : un port en rade
Avec des activités en constante augmentation, le port de Béjaïa est devenu le deuxième d’Algérie pour le trafic de conteneurs. L’ennui, c’est que la logistique ne suit pas.
Au fil des années, le port de Béjaïa s’est imposé comme le deuxième du pays, après celui d’Alger, dont le fonctionnement est régulièrement critiqué par les opérateurs économiques. Au point que ces derniers préfèrent, quand ils le peuvent, passer par la Kabylie.
Porté par le développement des activités dans la région, le trafic a atteint 228 366 conteneurs équivalents vingt pieds (EVP, unité de mesure de volume de conteneurs représentant environ 38,5 m3) en 2012. Ce qui représente une progression de 20 % par rapport à 2011. « Entre janvier et novembre de cette année, le volume de marchandises traitées a crû de 14 % par rapport à l’an dernier, et le chiffre d’affaires suit la même trajectoire », confirme Djelloul Achour, directeur général de l’Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB). En 2012, cette dernière et ses filiales ont réalisé un chiffre d’affaires de 8,5 milliards de dinars (environ 80 millions d’euros) et dégagé un résultat positif.
En 2012, l’Entreprise portuaire de Béjaïa a réalisé un chiffre d’affaires de près de 80 millions d’euros.
Qualité des services
Cette croissance soutenue se fait cependant au détriment de la qualité des services et du respect des délais, comme le confirment de nombreux chefs d’entreprise de la région, notamment ceux d’Akbou, à 70 km de Béjaïa.
« L’attente est trop longue. Nous sommes obligés de constituer des stocks importants de matières premières et de pièces de rechange pour être en mesure d’honorer nos commandes, ce qui entraîne des surcoûts importants », déplore Ramdane Batouche, PDG de General Emballage. Mustapha Rezki, ancien directeur du complexe agroalimentaire d’El-Kseur, fait le même constat : « Avant, le port fonctionnait normalement, maintenant il est congestionné. »
Bureaucratie
Consciente de ces carences, la direction de l’EPB espère une amélioration des délais d’attente au premier trimestre de 2014. Pour l’heure, les navires restent en rade douze jours en moyenne. Ensuite, il faut attendre entre douze et quinze jours pour que les conteneurs soient débarqués. Puis encore une quinzaine de jours avant qu’ils soient traités et livrés aux clients…
Principales causes de ces retards : la lenteur des procédures bureaucratiques, comme les contrôles qualité ou ceux des services phytosanitaires. « Les différents organismes interviennent de manière indépendante et cela prend malheureusement du temps, explique Djelloul Achour. Mais nous travaillons pour ramener ce délai à deux jours et celui du traitement des conteneurs à quai à huit jours. »
En attendant, l’EPB, qui emploie 1 470 personnes, travaille à l’installation de deux plateformes logistiques extraportuaires à Béjaïa et à Bordj Bou Arreridj, qui seront fonctionnelles dès avril 2014. Du côté des opérateurs, certains plaident auprès des autorités pour que le port puisse fonctionner de nuit. D’autres vont tenter de gagner du temps en passant par le port de Jijel, à une centaine de kilomètres, de l’autre côté de la rade.
Akbou-Béjaïa : des infrastructures routières en perte de vitesse
T raverser Akbou en plein jour pour rejoindre la zone industrielle de Taharacht par la route nationale 26, soit quelque 10 km, prend généralement plus d’une heure. Le ministère des Travaux publics a annoncé début décembre qu’une rocade de 6 km allait être réalisée pour contourner la ville. Encore faut-il que le projet prenne forme…
Le chantier de la pénétrante de 100 km entre Bouira et Béjaïa, qui permettra de rejoindre l’autoroute est-ouest, est censé s’achever fin 2015, mais il a débuté il y a cinq mois et accuse déjà du retard. Ce qui n’est pas pour calmer l’exaspération des usagers, en particulier les entreprises de la région. Essor des activités, augmentation du trafic de poids lourds et du parc automobile en général…
Les embouteillages récurrents entre Akbou et le port de Béjaïa (à 70 km) entraînent des retards et des surcoûts de transport de plus en plus pénalisants pour les opérateurs. Il y a une quinzaine d’années, un camion assurait jusqu’à quatre allers-retours au port par jour. Aujourd’hui, en faire un seul relève de l’exploit.
« Le prix au kilomètre est aussi élevé qu’en France, déplore Ramdane Batouche, le PDG de Général Emballage, installé à Taharacht. Avec l’autoroute, le port de Béjaïa ne serait plus qu’à trente minutes. »
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