Maroc : Béchir Reguibi, au nom du frère

Béchir Reguibi (44 ans) est né à Smara. Ce membre de la tribu Reguibat est le frère jumeau de l’un des des auteurs compositeurs sahraouis les plus connus.

À Tindouf, les albums de Béchir Reguibi circulent désormais sous le manteau. © Vincent Fournier pour J.A.

À Tindouf, les albums de Béchir Reguibi circulent désormais sous le manteau. © Vincent Fournier pour J.A.

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Publié le 22 octobre 2012 Lecture : 1 minute.

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Cet artiste peintre, qui a quitté les camps du Polisario en 2010 pour rejoindre Laayoune, a une obsession : retrouver son frère jumeau. Ce dernier, le poète et chanteur Najem Allal, est sans doute le plus connu des auteurs compositeurs sahraouis. Directeur des arts au sein du ministère de la Culture du Polisario, il a accompagné de ses chansons tous les combats du Front jusqu’à la grève de la faim menée par la séparatiste « de l’intérieur » Aminatou Haidar. Mais Najem Allal est aussi un artiste indépendant sensible au vent du Printemps arabe, lequel, comme on le sait, n’a pas soufflé sur les camps de Tindouf.

"Calvaire"

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En juillet 2011, il enregistre à Nouakchott deux albums aux titres explicites, Sans identité et Destin inconnu, qui disent le malaise d’une jeunesse sahraouie en perpétuel exil : « Cela fait trente-sept ans que nous sommes dans ce calvaire et nous n’avons rien obtenu. Étrangers sur une terre étrangère. » De retour au camp de Rabbouni, il est limogé de son poste et qualifié de « traître » par la direction du Polisario. Pourtant, aucune de ses chansons n’évoque le moindre ralliement aux thèses marocaines. Mais ce dissident pose un problème que Mohamed Abdelaziz et ses proches ne veulent surtout pas entendre : celui de la démocratie à l’intérieur du Front. Depuis, Najem Allal a été molesté, sa khaïma (tente) incendiée, mais il refuse de quitter Rabbouni, se disant en état de sit-in permanent, alors que les chefs du Polisario veulent le voir partir – n’importe où, mais le plus loin possible. « Najem ne bougera pas, dit son frère, il n’abandonnera pas ceux qui croient en lui. » Sur la hamada de Tindouf, ses albums circulent désormais sous le manteau. 

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