Rwanda : Paul Kagamé, ou l’éloge de la rébellion

Face à la pression de la communauté internationale, qui retire son aide au pays – accusé de soutenir le M23 -, le président rwandais Paul Kagamé ne cède pas d’un pouce.

Paul Kagamé, au siège de la présidence, le 21 avril 2012. © Vincent Fournier/J.A.

Paul Kagamé, au siège de la présidence, le 21 avril 2012. © Vincent Fournier/J.A.

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Publié le 18 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

On n’avait plus entendu ce genre de discours sur le continent depuis le Sékou Touré du « non » à de Gaulle et le Kadhafi des années 1970. Confronté à la suspension d’une partie de l’aide internationale – dont dépendent 50 % du budget du Rwanda – pour cause de soutien présumé aux rebelles congolais du M23, Paul Kagamé a réagi à sa manière : tranchante et défiante. Kigali a lancé le fonds Agaciro (« dignité »), un fonds purement endogène ouvert à tous les citoyens et amis du Rwanda, lequel a récolté en un mois l’équivalent de 30 millions de dollars (23,3 millions d’euros), et le président rwandais a prononcé, le 4 octobre, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire, un discours pour le moins pugnace sur ce thème. Extraits.

« De la justice internationale, nous Africains ne connaissons que le bâton. Jamais la carotte. Un bâton politique utilisé pour nous contraindre à suivre une voie choisie par d’autres. Autre moyen du même type : le chantage à l’aide. Il n’y a pas de pays au monde plus fiable et transparent que le Rwanda quant à l’utilisation de l’aide. Mais ceux qui nous aident veulent-ils notre bien ? Ils nous aident en échange de notre dépendance et de notre gratitude, dans le but de nous contrôler et de nous maintenir dans une posture d’éternels mendiants. À ceux qui répètent : "Gelez, suspendez toute aide au Rwanda", je réponds ceci : l’injustice ne nous rendra pas plus dociles, elle nous rendra plus rebelles. Être rebelle, je sais ce que c’est, comptez sur moi. Je parle pour nous Rwandais, mais aussi pour tous les Africains qui n’osent pas s’exprimer. Si je me trompe, si vous n’êtes pas d’accord, dites-moi de démissionner et, croyez-moi, je partirai aussitôt. Mais sachez que même après moi, ce pays aura besoin de quelqu’un qui me ressemble. Cela devra même être la condition pour me succéder : continuer le combat pour défendre notre bien le plus précieux, la dignité. »

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Sur la situation dans le Nord-Kivu, Paul Kagamé s’est voulu tout aussi direct : « Ce n’est pas nous qui sommes à l’origine des problèmes de la République démocratique du Congo (RDC). Ce n’est pas nous qui sommes responsables de l’existence d’une communauté de rwando­phones dans l’est de ce pays. Ce sont ceux qui, à l’époque coloniale, les ont transplantés là. Or ces rwandophones sont persécutés chaque jour. Que les donneurs de leçons se taisent. » CQFD.

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