RDC : ça va un peu
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François Soudan
Directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Publié le 12 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.
RDC : Mbote changement ?
Les élections encouragent-elles la démocratie ? Leur répétition est-elle bénéfique pour les progrès de la bonne gouvernance et, en définitive, pour le mieux-être des citoyens ?
À ces questions d’école, le pays hôte du sommet de la Francophonie de 2012 (13-14 octobre) apporte des réponses bien mitigées, à la mesure de la complexité des enjeux. Il y a tout juste six ans, elles auraient au contraire incité à l’optimisme.
Depuis quelques mois, une nouvelle dynamique de responsabilisation semble souffler sur la RDC.
On se souvient de ce scrutin historique de 2006, première consultation véritablement pluraliste et démocratique depuis l’indépendance, marqué par un minimum de fraude et un élan patriotique émouvant, remporté dans la dignité et sans contestation valable par un Joseph Kabila alors au faîte de sa popularité. On se souvient de notre inquiétude, presque de notre compassion, pour ce jeune président confronté à une tâche immense : rendre réel un État virtuel. De nos espoirs aussi quand, dans son discours d’investiture, il annonça qu’était venu le temps de la rigueur et de la discipline, et qu’un Parlement pugnace lui emboîta le pas, revisitant sans états d’âme une soixantaine de grands contrats miniers dont pas un n’était conforme à la loi.
Cinq ans plus tard, hélas, la seconde élection présidentielle de l’ère Kabila a paru inverser les données. Tensions, violences larvées, fraude, contestations…
La communauté internationale, qui avait largement subventionné la consultation de 2006, a perdu la main et le contrôle. C’est qu’entre-temps les fragiles piliers sur lesquels reposait le miracle – une Constitution équilibrée, un Parlement fort, un exécutif compétent – se sont affaissés. Les députés se sont endormis sur leurs Nissan Patrol neuves et leurs 6 000 dollars mensuels, deux titulaires somnolents se sont succédé à la primature et le scrutin à tour unique est venu sonner le glas du débat pluraliste. Dans la rue, on finit par dire : « Après les élections = avant les élections. » Comme on disait, au milieu des années 1960 : « Après l’indépendance = avant l’indépendance. »
D’où vient alors que, en dépit du délabrement social, de la guerre dans l’Est, du mirage chinois des « cinq chantiers » (que les Congolais appellent, avec leur inimitable sens de l’humour, les « tcheng tchang tché ») et de bien d’autres petits et grands malheurs, les Kinois vous avouent malgré tout qu’aujourd’hui « ça va un peu » ?
Sans doute parce qu’une nouvelle dynamique de responsabilisation, impulsée par un président qui a pris conscience des risques de l’isolement et par un nouveau chef du gouvernement, plus gestionnaire que politique, semble depuis quelques mois souffler sur la République démocratique du Congo.
Si, encouragé par le sommet de l’OIF, ce mouvement positif se poursuit, on pourra alors penser que l’élection réussie de 2006 et celle, bancale, de 2011 s’équilibrent en un seul et même balbutiement démocratique.
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