Tunisie : trois scénarios pour l’après 23 octobre 2012

Mohamed Sahbi Basly est ancien ambassadeur de Tunisie et président fondateur du parti El-Moustaqbal.

Publié le 18 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Personne n’est en mesure de dire ce qui se passera après le 23 octobre 2012. La Constituante n’ayant pas respecté le délai de un an pour la rédaction de la nouvelle Constitution, la troïka au pouvoir a failli à la mission que lui ont fixée les électeurs. Elle n’a pas non plus su gouverner. Et elle est d’autant moins capable de le faire qu’elle est minée de l’intérieur par des luttes intestines. Mais tout se passe comme si les gens qui nous gouvernent, oubliant qu’ils sont comptables de leur action devant le peuple, voulaient se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Dans ces conditions, trois scénarios sont envisageables après le 23 octobre.

1) La troïka au pouvoir choisit l’immobilisme et la langue de bois, suscitant l’ire de la société civile, appuyée par l’opposition, qui appellera ses militants à manifester, d’où un risque de confrontation et de débordements. L’intervention de l’armée serait alors inévitable pour rétablir l’ordre républicain. Ce scénario du pire pourrait déboucher sur une escalade de la violence, d’autant que des armes circulent vraisemblablement dans le pays.

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2) Le gouvernement lance une initiative unilatérale et tardive pour définir une feuille de route, qui apparaîtra, quel qu’en soit le contenu, comme une tentative de gagner du temps pour rester un peu plus aux commandes et consolider ses positions. Cette perpétuation du statu quo ne sera pas acceptée par l’opposition, qui veut aller au plus vite aux urnes.

3) La troïka engage, avant le 23 octobre, un dialogue avec toutes les forces en présence – partis politiques siégeant ou non à la Constituante, partenaires sociaux, représentants de la société civile, indépendants – dans le cadre d’une conférence nationale qui aura pour objectif de rédiger une feuille de route et de former un gouvernement d’union nationale. Cette initiative pourrait être parrainée par l’armée, qui serait garante de l’ordre républicain ainsi que de l’indépendance de la justice et de la presse, de l’administration et de l’instance des élections. Enfin, ce consensus national serait consolidé par trois mesures essentielles :

– organiser les élections (municipales, législatives et présidentielle) avant le 31 décembre 2013 ;

– obtenir un moratoire sur les revendications des partenaires sociaux pour une durée de un an ;

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– traduire en justice les responsables de l’ancien régime qui se sont rendus coupables de crimes afin de tourner définitivement cette page douloureuse et rétablir par là même dans leurs droits ceux qui ont servi la République et la Tunisie.

C’est cette dernière option qui me semble la plus raisonnable. En prenant date avec l’Histoire, la troïka se grandirait et ferait la preuve de sa maturité, démentant une fois pour toutes ceux qui pensent qu’elle s’accroche au pouvoir à tout prix.

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Je n’ai jamais eu de différend avec aucune des formations politiques actuelles, ce qui m’autorise à dire à tous mes amis de la troïka, notamment au sein d’Ennahdha, que la solution est entre leurs mains et qu’il est encore temps de trouver une issue négociée afin que cette révolution demeure pacifique et exhale à jamais un parfum de jasmin. 

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