RDC : Bienvenue à Kin cha-cha !
Ici, c’est déjeuner indien en parlant art contemporain, boire une coupe de champagne dans un bar branché ou danser sur le son des meilleurs DJ… Ambiance.
RDC : Mbote changement ?
« Kinshasa Kiese, Kin Kiese biloko ngelingeli », ainsi chantait le groupe Zaïko Langa Langa en 1978. Littéralement, cela donne : « Kinshasa, ville joyeuse et éclatante ». Au bord du fleuve Congo, la ville est une véritable ruche. Combien compte-t-elle d’habitants ? On parle généralement de 10 millions. Mais le dernier recensement de la population et de l’habitat réalisé en RD Congo remonte à… 1984. Époque où elle s’appelait encore Zaïre.
Ce qui est indéniable et n’a jamais changé, c’est le côté festif de cette mégalopole qu’on appelle affectueusement « Kin ». Mais on ne peut jamais oublier que la belle a deux visages. « La ville » d’un côté, c’est-à-dire la commune de La Gombe, ancien quartier européen, qui tranche par son calme une fois la nuit tombée. « La cité » de l’autre, où vivait la population congolaise à l’époque coloniale. Alors que dans le centre-ville on avance à pas feutrés, à la cité le rythme trépidant ne semble jamais ralentir. À l’instar de ces overdoses de décibels s’échappant non-stop d’innombrables bars où la bière, impérativement fraîche, coule à flots – en souvenir des « tontons » belges !
De Matonge au Bon Marché
À Kinshasa, particulièrement dans les quartiers populaires, le bruit est roi. Et personne ne s’en offusque. Ici, la fureur, l’envie, la joie de vivre sont contagieuses. Emblème du quartier populaire, voici Matonge, place de la Victoire (commune de Kalamu, Centre-Est). Il est célèbre pour avoir symbolisé, des décennies durant, le côté ambianceur des Kinois – du temps de sa splendeur, Matonge portait d’ailleurs l’éloquent surnom de Cité d’ambiance. C’est ici qu’habitaient nombre de vedettes de la musique congolaise et le Tout-Kin branché se retrouvait au bar Vis-à-vis, aujourd’hui disparu. À quelques mètres de ce dernier, la non moins célèbre église Saint-Joseph est toujours là. Si à présent Matonge n’est plus que l’ombre de lui-même, on peut encore y trouver des boutiques vendant d’excellents disques congolais ou des vêtements de marque et quelques bars, comme Muana Kin, rue Oshwe, ou Tété Climatiseur, une petite boîte située dans la même rue, qui attirent encore du monde. C’est aussi l’un des seuls endroits de la capitale où une boulangerie reste ouverte jusqu’à 2 heures du matin.
Mais Matonge a rendu les armes. Il a été détrôné par le Bon Marché, dans la commune de Barumbu (Nord-Est). Il y a quelques années encore, le Bon Marché était un quartier résidentiel très calme. Ce n’est plus le cas. Et on peut y déguster d’excellentes spécialités de la cuisine congolaise, Chez Flore ou à La Marmite africaine, deux restaurants très fréquentés placés côte à côte. Après avoir mangé du poisson d’eau douce ou du gibier, on peut aller, le soir venu, danser au Cheetah 2, avenue Kabasele-Tshamala (nom du célèbre Kallé, auteur de la chanson culte Indépendance Cha Cha). Attention, il est interdit d’y fumer… et d’y entrer avec une arme à feu.
En quittant le Bon Marché par l’avenue Kabasele-Tshamala, le dos tourné à Barumbu, on se dirige vers La Gombe (Nord), le centre-ville de Kinshasa. On peut s’arrêter en chemin au Charbon, un restaurant tenu par un couple indo-libanais qui propose des spécialités… italiennes et des grillades, d’où son nom. Originalité de l’endroit : on y sert le tiramisu dans une coupe. Ce restaurant-café lounge (lire l’encadré ci-contre) dispose par ailleurs d’un bar, avec billards et baby-foot. Juste à côté du Charbon, dans un bâtiment neuf, trône Chez Harry’s, un restaurant indien également doté d’un bar lounge aux lumières tamisées, qui, la soirée avançant, se transforme en boîte de nuit. Les amuse-gueules grillés y sont dé-li-cieux.
La "lounge attitude"
Fini le bar classique et ses décibels assourdissants. La lounge attitude a gagné les adresses chics de la capitale congolaise. Il faut désormais siroter son cocktail, sa coupe de champagne ou sa bière détendu et relaxé. Ambiance cosy, éclairage de faible intensité avec jeu de stores le jour et lumière tamisée le soir, déco design, canapés douillets et « musique lounge » (comprenez : douce et envoûtante), soirées à thèmes… Les patrons de bar, y compris dans les grands hôtels, rivalisent de concepts et d’idées pour capter et fidéliser la clientèle.
Pour commencer ou finir une soirée, le must est d’aller boire une coupe de champagne au Privilège Champagne, à La Gombe, ou de prendre un verre au Sir Harry’s Lounge Bar, avenue du Flambeau, ou encore au Klubb, au Fiesta Club, au Panoramic, au Muzik Bar… Outre les happy hours et les after 7, les soirées spéciales se multiplient. Comme la « Special Ladies’ Night » du Fiesta Club où, tous les jeudis, ces dames peuvent déguster gratuitement la boisson de leur choix. Muriel Devey
Cuisine et cosmopolitisme
C’est à La Gombe qu’on trouve la plupart des restaurants (et des night-clubs) qui font la fierté de la capitale. La cuisine est locale, mais aussi internationale, preuve, s’il en était besoin, de son cosmopolitisme jamais démenti. Beaucoup de ces établissements sont localisés dans les parages immédiats du boulevard du 30-Juin, la plus grande artère du centre-ville. Parmi les tout nouveaux restaurants, les deux incontournables sont le Corleone (spécialités italiennes), de l’hôtel Fleuve Congo, et la Fête parfaite, avenue de la Justice, qui propose des mets congolais sous des tentes installées dans un grand jardin fleuri et arboré.
Les amateurs de cuisine libanaise trouveront leur compte avenue de la Paix au restaurant Aladin, non loin de l’ambassade de Belgique. Juste à côté, une boîte de nuit, la bien nommée The Fiesta, attend les ambianceurs. Ceux qui préfèrent la cuisine française iront au Caf Conc, avenue des Aviateurs. Le maître des lieux est un Français qui a fait du Congo sa seconde patrie. Dans son cadre chic, les gourmets apprécient le menu et ne regardent pas à la dépense. Géré par un couple franco-congolais, l’Ibiza Bar, voisin immédiat du Caf Conc, peut également les séduire, puisque son nom aussi torride que trompeur cache des spécialités inattendues : galettes et crêpes bretonnes. Le Limoncello, restaurant italien situé avenue Tombalbaye, au style sobre, est tout indiqué pour les amoureux des pâtes, pizzas, vins et autres produits du pays de Dante. Les Portugais ont eux aussi leurs restaurants, notamment le Tabuinhas, à Ma Campagne (commune de Ngaliema, Ouest), et O Poeta (« le poète », en hommage à Luís Vaz de Camões), avenue du Cercle, à La Gombe, dont la carte variée dépasse le cadre lusitanien pour embrasser les cuisines congolaise et italienne. Les Grecs sont dignement représentés par le Mythos, sur le boulevard du 30-Juin. Où s’affiche la Chine à travers Le Mandarin, alors que les meilleurs mets japonais et coréens se dégustent chez Acachia.
Tous les jeudis, au Fiesta Club, c’est la « Special Ladies’ Night ».
© Baudouin Mouanda pour J.A.
Enfin, pour manger congolais, il faut absolument aller chez Philo, non loin du boulevard du 30-Juin. Ses crevettes pimentées ravissent les papilles, à moins qu’on ne jette son dévolu sur le… crocodile. Inutile de s’effrayer. Une fois tué, dépecé et cuit, le monstrueux reptile est aussi tendre qu’un poisson.
Parmi les autres restaurants qui valent le détour et servent des plats congolais et européens : Le Rêve de Sophie, La Fleur de sel, sur le boulevard du 30-Juin, L’Extrême, avenue de l’Équateur, ou encore Le Plein Vent (spécialiste de fondues et pierrades), au 7e étage d’un immeuble de l’avenue Lumpungu, avec sa vue imprenable sur le fleuve, qui rivalise avec celle du Panoramic, avenue du Président, dans le bâtiment de l’ex-Kin Mazières. Sortir à Kinshasa c’est aussi aller chez Maman Colonel (spécialités congolaises), avenue Kimbondo (à Bandalungwa), ou dans tous les petits nganda, tous les malewa disséminés à travers la ville où l’on peut manger du poulet et de la chèvre, braisés ou grillés, arrosés de bière fraîche.
Danse et douceur
Ceux qui veulent danser ont l’embarras du choix. Ils peuvent choisir les discothèques du centre-ville, comme le Klubb (avenue Tombalbaye), très en vogue actuellement, Chez Temba (rond-point Forescom), L’Atmosphère, au Grand Hôtel, L’Aphrodisiaque (avenue Mongala), le Jet 7 (avenue Colonel-Ebeya) ou encore le VIP (avenue du Tchad). Le Quita (avenue Luambo-Makiadi) se singularise par les instruments de musique qui composent le décor… mais peuvent à tout moment servir à des musiciens de passage ou être loués.
Une soirée sapeurs, grande spécialité congolaise.
© Baudouin Mouanda pour J.A.
On peut aussi sortir de La Gombe et trouver son bonheur à « la cité ». Dans la commune de Kasa-Vubu, le groupe Zaïko Langa Langa se produit tous les vendredis sur la scène du Mubila Gila, un bar à ciel ouvert où l’on a toutes les chances, dit-on, de rencontrer le gouverneur de Kinshasa. Zaïko joue également au Club Saï-Saï, à Ma Campagne. Pour ceux qui rêvent de voir le chanteur Koffi Olomidé, il suffit d’aller chez Bibi, à Kintambo. L’ambiance est tout aussi chaude à Planète Sono, à Lingwala, qu’au XXL, à Bandalungwa.
Au matin, comme à toute heure de la journée, rien de tel que le Patachoux, la crème de la crème des salons de thé et pâtisseries, dans la Crown Tower, au croisement du boulevard du 30-Juin et de l’avenue Batetela, la Pâtisserie Nouvelle ou encore le Chantilly, avenue Lukusa, Le Café Mozart, sur l’avenue de la Libération, à Lingwala. L’occasion aussi de goûter au calme et à la douceur kinoise en visitant la célèbre Académie des beaux-arts toute proche, à La Gombe, près de la cathédrale Notre-Dame-du-Congo, ou en déambulant dans les allées du Jardin botanique, sur l’avenue Kasa-Vubu, à côté du marché central et face au Théâtre du Zoo. Un havre de verdure au coeur de la ville.
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