Maroc : et il est comment le dernier… Tahar Ben Jelloun ?
Dans son dernier roman, « Le Bonheur conjugual », Tahar Ben Jelloun met en lumière l’incompréhension dans le couple. Un sujet universel qui est, selon l’auteur, d’une actualité particulière dans la société marocaine.
Casablanca. Un peintre célèbre est au sommet de son art lorsqu’il est brutalement victime d’un accident vasculaire cérébral. Cloué dans un fauteuil roulant, il rumine sa carrière ruinée et sa vie brisée. À ses yeux, une seule responsable : son épouse, Amina, jeune femme berbère aux origines modestes. Pour occuper ses journées de convalescence, il se met à l’écriture de ses Mémoires, présentant son épouse sous les traits d’une femme mauvaise et médisante, superstitieuse, jalouse de son succès. En découvrant le manuscrit, Amina revient sur les faits, éclairant d’un jour nouveau le récit du père de ses enfants. « Je sais que c’est sa version que vous croirez, pas la mienne, car c’est son oeuvre qui survivra, et pas notre misérable histoire d’amour », prévient-elle.
Tahar Ben Jelloun ne maîtrise pas toujours ce double procédé narratif. Le roman pèche parfois par la longueur et l’aspect répétitif de certains passages. Mais l’écriture, somme toute assez classique, est riche et soignée. En nous présentant les deux points de vue diamétralement opposés d’une même histoire conjugale, l’écrivain marocain installé à Paris oblige son lecteur à remettre en question quelques-unes de ses certitudes.
Avenir commun
Dans un pays construit sur un système de classes, deux individus issus de milieux différents peuvent-ils rêver d’un avenir commun ? Dans une société où le mariage reste une institution sacrée, où les apparences et le qu’en-dira-t-on priment sur le bien-être personnel, comment se construit le bonheur conjugal ? Autant de questions sans réponse que l’auteur prolifique explore dans ce dernier roman. Et qu’il avait déjà abordées par le passé. « Dans mon pays, il y a quelque chose de brisé dans les relations entre l’homme et la femme. Au sein du couple, il n’y a point d’harmonie », écrivait-il dans un recueil de nouvelles intitulé Le premier amour est toujours le dernier (Seuil, 1995).
Avec ce nouveau livre, Ben Jelloun nous invite plus généralement à réfléchir sur la notion de divergence, nous amenant par la même occasion à nous interroger sur celle de l’acceptation de l’autre dans sa différence. Un sujet qui reste d’actualité, aujourd’hui plus que jamais.
Le Bonheur conjugual, de Tahar Ben Jelloun, Gallimard, 368 pages, 21 euros.
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