Maroc-Algérie : la confrérie Tijaniya, nouveau sujet de rivalité

Rabat et Alger se disputent de longue date la paternité de la confrérie soufie Tijaniya, qui rassemble plus de 200 millions d’adeptes dans le monde. Récit d’un duel qui devrait être relancé lors de la prochaine conférence de l’Organisation de la coopération islamique.

Un membre de la Tijaniya priant lors d’un hommage au fondateur de la confrérie, Ahmed Tijani, à Fès, le 14 mai 2014. © ADEL SENNA/AFP

Publié le 4 décembre 2022 Lecture : 6 minutes.

En plus des fronts diplomatique, géopolitique et culturel, Rabat et Alger s’affrontent aussi sur le terrain mystique. Au cœur de la rivalité : la confrérie religieuse Tijaniya. Un ordre religieux soufi créé en 1782, qui rassemble plus de 200 millions d’adeptes à travers le monde, principalement en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Nigeria…). Son fondateur, Ahmed Tijani, est mort et a été inhumé à Fès, en 1815, ce qui confère à la capitale spirituelle le statut de « seconde Mecque » des Tijanes.

Mais le maître soufi serait – aussi – né en 1737 ou 1738 à Aïn Mahdi, une commune située dans le désert algérien à plus de 400 kilomètres au sud d’Alger, ce qui en fait le berceau de la Tijaniya, selon le pouvoir algérien. Or, selon l’historien et spécialiste de la Tijaniya, Jilali El Adnani, qui enseigne à l’université Mohammed-V de Rabat, « Aïn Mahdi a été un territoire marocain avant d’être annexé par la France et rattaché à l’Algérie après 1830 ».

Soft power marocain

Combattu par les Ottomans, qui redoutaient l’émergence d’un pouvoir rival, Ahmed Tijani s’est réfugié au Maroc en 1799 où il a été chaleureusement accueilli par le sultan Moulay Slimane. Par ailleurs, le grand-père d’Ahmed Tijani est issu d’une tribu marocaine, un fait attesté notamment par l’émir Abdelkader, figure majeure du mouvement nationaliste algérien.

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