Afrique – États-Unis : ce que l’administration Biden pourrait mettre en place avec l’Afrique
À quelques jours du sommet États-Unis-Afrique prévu du 13 au 15 décembre à Washington, Don Graves, secrétaire adjoint américain au Commerce, et Gregory Meeks, membre du Congrès, appellent à des mesures décisives et radicales visant à encourager les entreprises américaines intéressées par des projets sur le continent.
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Don Graves
Secrétaire adjoint au Commerce des États-Unis
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et Gregory Meeks
Membre du Congrès américain
Publié le 7 décembre 2022 Lecture : 6 minutes.
En août dernier, dans une note consacrée à la stratégie américaine en direction de l’Afrique subsaharienne, l’administration Biden-Harris laissait deviner une vision audacieuse du partenariat entre les États-Unis et l’Afrique, tout au long de ce XXIe siècle. Ladite stratégie tout comme le prochain sommet des dirigeants africains, que le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris accueilleront du 13 au 15 décembre, arrivent à point nommé.
Risques et incertitudes
La transformation économique de l’Afrique avance à grands pas, portée par la jeunesse et l’urbanisation rapide de la population, les initiatives de numérisation, l’abondance de ressources naturelles et l’énorme potentiel humain, mais aussi par l’engagement de l’ensemble du continent en faveur du libre-échange. Toutefois, l’environnement mondial actuel présente des risques et des incertitudes de taille. Alors que les économies africaines tardent à se remettre de la pandémie, la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a entraîné une flambée spectaculaire des prix des denrées alimentaires, des engrais et de l’énergie, qui ajoute aux difficultés auxquelles se trouve confronté le continent. Des facteurs qui exacerbent l’impact à la fois de l’inflation mondiale, de l’accumulation de la dette et des chocs climatiques de plus en plus fréquents sur les économies africaines.
L’administration Biden-Harris et de nombreux membres du Congrès reconnaissent le caractère indispensable d’un partenariat entre les États-Unis et les pays africains, nécessaire pour baliser la voie de sortie des crises actuelles, aider le continent à trouver son chemin dans un environnement mondial incertain et relever les défis mondiaux les plus urgents qui menacent la stabilité et la prospérité de chacun d’entre nous, qu’il s’agisse de lutter contre le changement climatique et l’insécurité alimentaire ou d’inverser la tendance croissante du recul démocratique. Travailler ensemble permet de réaliser l’énorme potentiel que le commerce, l’investissement et les échanges offrent aux partenaires des deux côtés de l’Atlantique, tout en se référant à l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour la transformation du continent.
Cycle vertueux
Nous sommes convaincus que le partenariat entre les États-Unis et l’Afrique peut être la quintessence du monde au XXIe siècle, c’est-à-dire un partenariat façonné par les contributions visionnaires du secteur privé, des femmes et des jeunes, ainsi que des communautés de la diaspora. En effet, lors de nos récents échanges, les dirigeants africains n’ont cessé de souligner l’importance des liens commerciaux bilatéraux et leurs avantages pour les parties impliquées. Pour la plupart d’entre eux, l’industrie privée et la finance américaines constituent des partenaires privilégiés.
Les entreprises américaines dirigées par la diaspora, en particulier les PME détenues par des femmes, offrent des avantages supplémentaires
Les entreprises américaines offrent généralement une technologie de pointe, ainsi que des équipements et services de qualité. Elles ont la réputation d’investir dans les talents locaux, de promouvoir l’innovation et l’esprit d’entreprise, et de donner accès à un financement commercial plus transparent. À maintes reprises, nous avons vu ces investissements dans les talents locaux conduire à la création d’entreprises et d’emplois africains et, dans de nombreux cas, à un cycle vertueux de partenariat à long terme avec des entreprises américaines. Les entreprises américaines dirigées par la diaspora, en particulier les PME détenues par des femmes, offrent des avantages supplémentaires, tels que la connaissance des marchés, des préférences des consommateurs et des environnements locaux africains.
Croissance exponentielle
Avec ces partenariats potentiels à l’esprit, les entreprises américaines cherchent de nouvelles opportunités en Afrique et reconsidèrent – à juste titre – les perceptions entretenues de longue date sur les risques de faire des affaires sur le continent. Des efforts sont en cours, à l’échelle du continent et dans chaque pays, pour promouvoir un environnement plus favorable au commerce et à l’investissement en Afrique. En 2018, par exemple, un accord historique a établi la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la plus grande zone de libre-échange au monde, qui compte 54 signataires et peut potentiellement sortir des millions d’Africains de l’extrême pauvreté tout en augmentant les revenus de millions d’autres.
La transformation numérique en cours en Afrique y refaçonne également la vie quotidienne, et va de la croissance exponentielle des technologies de mobile money à l’économie créative numérique dans les domaines de la musique, de l’art et de la mode dans plusieurs pays, en passant par les investissements dans l’accès à l’internet haut débit.
L’administration Biden a élaboré plusieurs mesures visant à intensifier l’engagement du secteur privé en Afrique
De même, les pays accroissent rapidement leurs investissements dans les technologies de production d’une énergie propre et renouvelable et développent les chaînes d’approvisionnement en énergie propre, notamment les ressources minérales essentielles. D’autres encore cherchent à attirer des investissements privés et à encourager la participation privée dans le secteur des services sociaux et des infrastructures. Si les entreprises américaines ont été actives dans nombre de ces domaines, elles peuvent faire beaucoup plus en tant que partenaires commerciaux.
L’administration Biden, avec le soutien du Congrès, a élaboré plusieurs mesures visant à intensifier l’engagement du secteur privé en Afrique, notamment par le biais de Prosper Africa, du soutien technique et consultatif pour la mise en œuvre par l’Union africaine (UA) de la Zlecaf, du Partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux (PGII), du prochain Forum des affaires États-Unis-Afrique et de la mise en œuvre en cours de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Ensemble, le gouvernement et le secteur privé américains peuvent faire davantage pour concrétiser la vision d’un partenariat États-Unis-Afrique au XXIe siècle.
Le défi de la dette
Premièrement, les États-Unis doivent continuer à travailler avec les autorités du continent et les institutions financières internationales, telles que le FMI et la Banque mondiale, pour jeter les bases d’une économie viable, condition préalable pour attirer l’investissement privé. Il est important de noter que cela exige de tous les créanciers publics bilatéraux et privés – y compris ceux de la Chine – de coopérer pour s’attaquer aux défis liés à la dette qui guettent un certain nombre de pays africains.
Cela constitue un élément essentiel pour jouir du statut de partenaire fiable du développement durable de l’Afrique. Deuxièmement, les États-Unis doivent accroître de façon significative leur soutien à la réalisation d’infrastructures de haute qualité et résilientes au climat dans les secteurs de l’énergie, du numérique, des transports et autres en Afrique sous l’administration Biden et au titre du PGII du G7.
Ces efforts doivent avoir une forte orientation privée qui permette aux entreprises américaines et africaines d’accélérer la réalisation de projets bancables qui tirent efficacement parti du capital d’investissement mondial et local dans un certain nombre de secteurs. Troisièmement, sous l’égide du Département du commerce, nous devons continuer à intensifier nos efforts de diplomatie commerciale et de plaidoyer en faveur des entreprises américaines intéressées par des projets en Afrique. Cela revient à renforcer la présence de notre Service commercial étranger sur le continent en vue d’aider les entreprises américaines à gagner en compétitivité.
Quatrièmement, enfin, nous devons étendre les initiatives actuelles du département du Commerce, du département de l’Agriculture, de l’Export-Import Bank, de l’Agence américaine pour le commerce et le développement, du département d’État et de plusieurs autres agences visant à amener les entreprises américaines, y compris celles détenues par la diaspora et les femmes, mais aussi celles de l’Amérique profonde, à profiter des opportunités d’exportation sur le continent.
Le temps est venu de prendre des mesures décisives pour solidifier les relations commerciales, d’investissement et d’échange entre les Africains et leurs partenaires américains, et de réaliser la promesse d’une plus grande prospérité sur le continent et chez nous. Saisirons-nous cette opportunité ?
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