Et il est comment le dernier… Alain Mabanckou ?

Dans son dernier roman, « Tais-toi et meurs »,  Alain Mabanckou décrit les tribulations d’un jeune Congolais de Brazzaville dans la « jungle parisienne ». Et fricote avec le polar.

« Tais-toi et meurs », 220 pages, éditions La Branche, Coll. Vendredi 13, 15 euros. © DR

« Tais-toi et meurs », 220 pages, éditions La Branche, Coll. Vendredi 13, 15 euros. © DR

ProfilAuteur_FabienMollon

Publié le 1 octobre 2012 Lecture : 2 minutes.

Si son très bon Black Bazar (2009) vous a laissé de marbre, passez votre chemin. Si au contraire il vous a subjugué, vous pouvez en rester là, à moins que vous n’en réclamiez encore. Mais si vous êtes passé à côté, offrez-vous donc une séance de rattrapage avec Tais-toi et meurs. Car en décrivant les tribulations d’un jeune Congolais de Brazzaville dans la « jungle parisienne », le prolifique Alain Mabanckou – il a déjà publié en janvier un essai intitulé Le Sanglot de l’homme noir – reprend peu ou prou la même recette, agrémentée cette fois-ci d’une savoureuse sauce polar.

Le narrateur porte le nom prédestiné de Julien Makambo – « les ennuis », en lingala -, qu’il a troqué contre la fausse identité de José Montfort une fois débarqué en France. Accusé d’avoir défenestré une jeune femme, il entreprend de coucher par écrit le récit des mésaventures qui l’ont conduit en prison. Au fil des méandres de ses confessions, les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu, dessinant sa propre histoire et, surtout, le paysage souterrain du Paris africain. De fait, c’est à une plongée dans le « milieu congolais » que nous invite le chroniqueur à Jeune Afrique. Celui du soukouss et de la sape, mais aussi – et c’est là que Tais-toi et meurs se démarque de Black Bazar – celui des rapines et autres combines : vol de chéquier, marché noir, faux et usage de faux… Le suspense n’est pas à son comble, mais le décor vaut qu’on tourne les pages.

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Alain Mabanckou prend goût à évoquer avec précision les hauts lieux du Paris noir : Château-Rouge pour les Congolais, Montreuil pour les Maliens… Il joue aussi avec les codes du polar : évoquant la femme gisant « dans une mare de sang », il ajoute, malicieux, « comme on dit dans les romans policiers pour aller plus vite et faire sensation auprès du lecteur afin qu’il n’abandonne pas sa lecture en cours de route ». Enfin, il jongle avec les références implicites, comme lorsqu’un Martiniquais en rogne contre les Africains suggère qu’on les renvoie chez eux, « au coeur des ténèbres » – évocation du célèbre ouvrage de Joseph Conrad. Bref, une écriture simple et jouissive qui fait de la lecture de Tais-toi et meurs une partie de plaisir, mais qui peinera à masquer, chez les familiers de l’écrivain, une impression de déjà-lu.

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