Fatou Sarr Sow : « Les Sénégalaises vont pouvoir influer sur les lois »
Sociologue et directrice du laboratoire genre de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) de l’université Cheikh-Anta-Diop (Ucad) à Dakar, Fatou Sarr Sow s’est distinguée dans la lutte pour les droits des femmes au Sénégal. Les législatives de juillet étaient les premières depuis l’adoption de la loi sur la parité de mai 2010, selon laquelle la moitié des candidats de chaque parti doivent être des femmes, la chercheuse revient sur la configuration de l’hémicycle.
Macky Sall peut-il changer le Sénégal ?
Jeune Afrique : Êtes-vous satisfaite du nombre de femmes élues aux législatives ?
Fatou Sarr Sow : Au Sénégal, près de 90 % des femmes continuent d’aller chercher le bois de chauffe, plus de la moitié d’entre elles ramènent toujours l’eau du puits… Pour régler leurs problèmes et leurs besoins les plus élémentaires, il fallait que les femmes soient elles-mêmes dans des positions de pouvoir. L’Assemblée nationale est un lieu stratégique, c’est celui où l’on décide de l’utilisation des ressources nationales, où l’on définit les lois qui vont régir la vie des citoyennes et des citoyens. Il était donc essentiel que les femmes y soient largement représentées. Mais le travail n’est pas terminé, ne serait-ce qu’en ce qui concerne les modalités de répartition des sièges, qui constituent un problème et un manque à gagner en termes de nombre de femmes élues.
Le changement est tout de même radical…
C’est un formidable bon en avant qu’a fait le Sénégal, qui le place en troisième position en Afrique après le Rwanda et les Seychelles, et au sixième rang dans le monde pour la représentation des femmes à l’Assemblée nationale.
Dans la précédente législature, il n’y avait que 33 femmes députées, soit 22 % des sièges de l’Assemblée nationale, ce qui ne représentait pas une taille critique suffisante pour influer sur les lois. Avec désormais 65 élues sur 150 députés, soit 43,3 % de l’hémicycle, c’est un formidable bon en avant qu’a fait le Sénégal, qui le place en troisième position en Afrique après le Rwanda et les Seychelles, et au sixième rang dans le monde pour la représentation des femmes à l’Assemblée nationale.
Quels combats particuliers seront-elles appelées à mener ?
Nous avions dit à Abdoulaye Wade, initiateur de la loi sur la parité, que le jour où les femmes seraient à l’Assemblée nationale elles se battraient pour pouvoir donner leur nationalité à leurs enfants. Il y a en effet énormément d’enfants dont le père est gambien, malien, etc., et la mère sénégalaise, mais qui ne peuvent avoir la nationalité sénégalaise parce que seul le père a le droit de la donner. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de la dimension stratégique que peut prendre désormais cette meilleure représentativité des femmes au Parlement, qui doit leur permettre de peser sur les décisions.
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Propos recueillis à Dakar par Nicolas Ly
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