Chine-Japon : De l’art de jouer avec le feu
Après la nationalisation des îles Senkaku, les manifestations antijaponaises se multiplient en Chine. Mais les deux pays savent qu’ils ne peuvent pas aller trop loin. Enfin, espérons-le !
Des milliers de personnes hurlant des slogans antinippons dans les rues de Pékin… Une usine Panasonic incendiée… Des concessionnaires Honda et Toyota attaqués à Qingdao… Des drapeaux japonais piétinés dans des dizaines de villes chinoises… Jamais depuis le rétablissement des relations diplomatiques, il y a quarante ans, les tensions entre les deux pays n’avaient été aussi fortes.
À l’origine de cette fièvre nationaliste qui a atteint son paroxysme le 18 septembre (date anniversaire de « l’incident de Moukden », qui, en 1931, fut le prélude à l’invasion de la Mandchourie) : l’archipel des Senkaku (Diaoyu pour les Chinois), cinq îlots rocheux revendiqués par la Chine, le Japon et Taiwan. C’est l’annonce par le gouvernement japonais, début septembre, de leur nationalisation qui a mis le feu aux poudres. Or, paradoxalement, cette annonce manifestait plutôt la volonté des autorités de calmer le jeu en empêchant Shintaro Ishihara, l’ultranationaliste gouverneur de Tokyo, de racheter lui-même les îlots.
"L’économie japonaise n’est pas à l’abri de mesures de rétorsion", menace Le Quotidien du peuple
Un affrontement avec les États-Unis ?
Même si les provocations se multiplient depuis l’été, les deux rivaux savent que le moindre dérapage pourrait avoir des conséquences catastrophiques. Pour le Japon, fragilisé par la crise nucléaire et affaibli par la valse de ses Premiers ministres (pas moins de six en cinq ans), la marge de manoeuvre est étroite. Organe officiel du PC chinois, Le Quotidien du peuple n’y va pas par quatre chemins. « L’économie japonaise, écrit-il, n’est pas immunisée contre les mesures de rétorsion. Ce pays est-il prêt à perdre de nouveau dix ans, voire à reculer de vingt ans ? »
Après avoir attisé l’exaltation nationaliste à la veille de la désignation de sa nouvelle direction, la Chine redoute à présent des débordements incontrôlables susceptibles d’exacerber le mécontentement social.
Et puis elle n’ignore pas qu’en cas d’accrochage majeur sa marine risque de se retrouver face à l’US Navy. En vertu d’un traité bilatéral conclu avec leur allié japonais, les États-Unis sont en effet tenus de défendre militairement les îlots contestés.
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