Amérique latine : Villes champignons

L’Amérique latine est, avec les Caraïbes, l’une des régions les moins peuplées au monde. Elle est aussi – paradoxe – la plus urbanisée.

Coucher de soleil sur l’immense mégalopole de São Paulo. © Reuters

Coucher de soleil sur l’immense mégalopole de São Paulo. © Reuters

Publié le 26 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Quatre-vingts pour cent des Latino-Américains vivent dans une ville. C’est deux fois plus que les Africains et que les Asiatiques, et même plus que les Occidentaux. Selon un récent rapport de l’Agence de l’ONU pour l’habitat*, ce taux devrait atteindre 90 % d’ici à 2050 – et dès 2020 au Brésil. Principale cause de cette urbanisation galopante : un exode rural massif.

En seulement quatre décennies (1950-1990), le nombre des villes a été multiplié par six (on en recense aujourd’hui 16 000) et huit mégalopoles de plus de 5 millions d’habitants ont fait leur apparition (il n’y en avait aucune en 1950) : Mexico, São Paulo, Buenos Aires, Rio de Janeiro, Lima, Bogotá, Santiago et Belo Horizonte. Le cas de São Paulo est particulièrement net : 2,3 millions d’habitants en 1950, 8 millions en 1970, 10 millions en 1980… Bouleversant le modèle classique – une ou deux agglomérations dominant le pays et accaparant ses richesses -, les villes moyennes (moins de 500 000 habitants) se multiplient. Près de 40 % des Latino-Américains (soit plus de 222 millions de personnes) y résident aujourd’hui, tandis que 14 % d’entre eux (65 millions) vivent dans les mégalopoles.

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UNDESA (2010) – Cliquez sur l’image pour l’agrandir.

Pourtant, selon le rapport onusien, l’Amérique latine et les Caraïbes (8,5 % de la population mondiale) font partie des régions les moins peuplées de la planète. La densité de la population n’y excède pas 29 habitants/km2, alors que la moyenne mondiale est de 51. L’existence d’immenses territoires presque vides, comme l’Amazonie, explique ce phénomène.

Nouveaux défis

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Situées dans leur majorité dans les zones côtières, les villes sont aujourd’hui confrontées à de nouveaux défis. « Leur étendue géographique grandit plus vite que leur population », s’inquiète Alain Grimard, directeur régional de l’agence onusienne pour l’Amérique latine. Selon lui, cela complique singulièrement la gestion et le développement durable des agglomérations. Les rapporteurs plaident donc pour une occupation verticale, plutôt qu’horizontale, des sols.

Combien de mégalopoles de plus de 5 millions d’habitants ? Huit. Les plus grandes ? Mexico et São Paulo

D’autre part, l’extension urbaine a trop souvent été chaotique et a provoqué la multiplication des bidonvilles et des noeuds d’axes routiers mal coordonnés – sans parler de la dégradation de l’environnement. À la périphérie des villes, les besoins non satisfaits sont immenses, qu’il s’agisse des transports en commun, des services publics et des forces de police (alors que l’insécurité croît de manière fulgurante) ou de l’accès à l’eau potable. Bien entendu, les inégalités se creusent entre zones résidentielles et favelas. Si le taux de pauvreté a globalement reculé depuis dix ans (il est passé de 48 % à 33 % entre 1990 et 2009), 111 millions de Latino-Américains (sur un total de 588 millions) continuent de vivre dans des bidonvilles. Leurs logements précaires les exposent à toutes les catastrophes naturelles, comme ce fut le cas en Haïti en 2010 (la moitié de la population de Port-au-Prince est toujours sans abri), et les mettent à la merci des cartels de la drogue et du crime organisé : ils sont les premières victimes de l’insécurité.

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Reste que les agglomérations latino-américaines sont les moteurs de l’économie de leurs pays respectifs. Le produit intérieur brut (PIB) des quarante plus importantes est de 842 millions de dollars. Soit les deux tiers du PIB de tout le sous-continent.

* « L’Etat des villes en Amérique latine et aux Caraïbes ».

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