Paludisme : pourquoi le secteur privé africain doit s’engager

L’Organisation mondiale de la santé estime à 627 000 le nombre de décès dus au paludisme en 2020. Pourtant, des initiatives permettraient de contrer ce fléau : persuader les entreprises du secteur privé de se mobiliser, multiplier les partenariats et diversifier les actions.

Une mère fait vacciner sa fille contre le paludisme à Nyalenda, au Kenya. © KANG-CHUN CHENG/NYT/REA

Paul Harry Aithnard
  • Paul-Harry Aithnard

    Directeur général Côte d’Ivoire et directeur régional UEMOA pour le groupe bancaire panafricain Ecobank 

Publié le 9 décembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Douze milliards de dollars, soit près de la moitié du PIB du Sénégal en 2021. C’est l’estimation des pertes économiques directes dues au paludisme chaque année en Afrique. Notre continent paie encore un lourd tribut à cette maladie, qui reste une grande menace pour son développement.

Rien qu’en 2020, 627 000 hommes, femmes et enfants ont été fauchés par le paludisme selon le dernier rapport de l’OMS. Environ 241 millions de personnes ont été touchées par la maladie sur la même période, soit une hausse de 14 millions par rapport à 2019. La quasi-totalité des victimes vivent en Afrique sub-saharienne. En plus de l’impact humain indéniable, le paludisme entraîne également des conséquences, certes moins connues, mais considérables sur l’économie et les entreprises.

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Hémorragie financière

L’absentéisme des employés, la baisse de la productivité et l’augmentation des coûts des prestations de santé impactent, substantiellement ou à la marge, nos entreprises. De plus, le paludisme fragilise le pouvoir d’achat de nos populations. On estime que les ménages africains perdent jusqu’à 25 % de leurs revenus à cause de ce fléau. Faute d’actions urgentes pour éliminer le paludisme, cette hémorragie humaine et financière risque de s’aggraver dans les années à venir.

Malheureusement, les financements internationaux alloués à l’élimination de la maladie se font de plus en plus rares. Selon l’OMS, il faudrait investir au moins 10,3 milliards de dollars par an pour lutter contre le paludisme et espérer éliminer le paludisme d’ici à 2030. En 2020, par exemple, seulement 30 % de ce montant a été investi dans la lutte contre le paludisme au niveau mondial. Ce manque de financement a un effet dévastateur !

Face à l’urgence, il est primordial de mobiliser des ressources domestiques dans nos pays pour accélérer la riposte contre le paludisme. La dynamique est déjà en marche dans plusieurs états africains tel que le Bénin, où le gouvernement compte doubler ses ressources nationales allouées à la lutte contre le paludisme pour 2023.

Le secteur privé, levier indispensable

Au regard de l’importance des besoins, il est indispensable que le secteur privé africain contribue à ces efforts de financements nationaux afin d’éliminer notre menace commune et soutenir nos communautés dans leurs effort à déployer leur potentiel.

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Lancée en 2020 par le Groupe Ecobank, en partenariat avec Speak Up Africa et le partenariat RBM pour en finir avec le paludisme, l’initiative « Zéro Palu, les entreprises s’engagent » a été conçue dans le dessein de servir de tremplin à la mobilisation des entreprises africaines. Dans chacun des cinq pays de mise en œuvre (Bénin, Burkina Faso, Sénégal, Ghana, Ouganda), le Groupe Ecobank met en place un fonds catalyseur de 120 000 dollars afin d’inciter les entreprises, peu importe leur taille, à soutenir financièrement les efforts des programmes nationaux de lutte contre le paludisme.

En deux ans, l’initiative est devenue le fer de lance de l’engagement du secteur privé dans la lutte contre le paludisme en Afrique. Dans l’ensemble des pays, ce sont déjà 1,3 millions de dollars et près de 60 entreprises qui ont pu être mobilisés ! Un succès inédit, certes, mais encore loin des besoins nécessaires pour éliminer le paludisme.

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Aujourd’hui, nous sommes à une période charnière de la lutte contre le paludisme. Nous devons densifier le tissu des entreprises du secteur privé qui s’engagent dans la mobilisation des ressources contre ce fléau, multiplier les partenariats et diversifier les actions. Plus que jamais, l’intensité de la réponse doit être du même gabarit que l’importance du problème. Et seul un engagement ferme et continu de tous les acteurs, y compris le secteur privé, permettra de venir à bout de cette menace commune.

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