Mali : Hamada Ould Mohamed Kheirou, le cerveau du Mujao

Âgé de 42 ans, le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou est le fondateur du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Hamada Ould Mohamed Kheirou, fondateur du Mujao. © AFP

Hamada Ould Mohamed Kheirou, fondateur du Mujao. © AFP

Publié le 3 octobre 2012 Lecture : 3 minutes.

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La prison, Hamada Ould Mohamed Kheirou connaît. La première fois que ce Mauritanien est incarcéré, c’est à Nouakchott en 2005 pour avoir perpétré des actes de violence dans une mosquée qui, selon lui, ne s’inscrivait pas suffisamment dans un islam « véritable ». Il s’évadera quelques mois plus tard… déguisé en femme. La seconde, c’est en 2009 à Bamako

Cette fois, Ould Kheirou a été arrêté pour avoir aidé à ravitailler la katiba de Mokhtar Belmokhtar dans le Nord-Mali et pour s’être spécialisé dans la fabrication d’explosifs (il est relâché en 2010, sans doute dans le cadre des négociations autour de la libération de l’otage français Pierre Camatte).

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Boko Haram

Au fil des années, son mépris pour les religieux « trop timorés » va grandissant. Il intègre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), mais critique ses chefs, notamment Abdelmalek Droukdel, à qui il reproche de ne pas attribuer de postes importants aux non-Algériens. Mais le contentieux n’est pas qu’idéologique : se pose aussi la question du partage de l’argent des rançons et des trafics. Ould Kheirou veut sa part du gâteau.

Fin 2011, il crée donc une organisation à la mesure de ses ambitions : le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Habile, il sait toutefois qu’il n’a pas intérêt à se poser en concurrent direct d’Aqmi. Son coeur de cible, en revanche, c’est bien l’Afrique de l’Ouest – même s’il ne s’interdit pas de frapper l’Algérie ou les pays occidentaux.

Dans les rangs du Mujao, on retrouve notamment des militants de la secte islamiste Boko Haram, soucieux de se trouver un sanctuaire hors du Nigeria.

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Parmi les coups d’éclat d’Ould Kheirou, l’enlèvement de trois humanitaires européens à Tindouf, en Algérie, en octobre 2011. Il est aussi le commanditaire de l’attentat qui a visé les locaux de la gendarmerie à Tamanrasset, le 3 mars 2012, et surtout du kidnapping de sept diplomates algériens à Gao, en avril dernier. Trois ont été relâchés en juillet, mais l’un d’entre eux aurait été exécuté, le 2 septembre. Depuis le mois de juin, le Mujao contrôle également la ville de Gao, preuve qu’Ould Kheirou a, en quelques mois, su s’imposer comme un associé sérieux d’Aqmi et d’Ansar Eddine.  

État-major des sables

Si Hamada Ould Mohamed Kheirou apparaît clairement comme le chef du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), une certaine confusion règne quant aux fonctions et prérogatives des lieutenants militaires. Parmi ces derniers, le Sahraoui Abdel Hakim est chargé des questions de sécurité, mais il est surtout celui qui tient la ville de Gao. Il suit donc de très près le dossier des diplomates algériens kidnappés en avril dernier.

Autre jihadiste important, Oumar Ould Hamaha est un Arabe du Tilemsi (nord de Gao) enrôlé, durant les années 1980, dans la Légion islamique de Kadhafi. Il a ainsi combattu au Tchad et au Liban. Il revient au Mali au moment de la rébellion touarègue en 1990. En avril dernier, on le voit dans une vidéo à Gao en tant que chef militaire d’Ansar Eddine. Au début de septembre, c’est lui qui annonce la prise de la ville de Douentza au nom du Mujao, dont il serait actuellement le chef militaire.

Troisième personnage, Bilal Hicham (nom de guerre), tient quant à lui lieu de symbole, même s’il n’a pas autant de responsabilités que les trois autres. Nigérien, il est le premier commandant noir d’une katiba. « L’islam est sans frontières et nous voulons reformer l’unité des peuples d’Afrique de l’Ouest », a-t-il déclaré sur RFI, le mois dernier, depuis Gao.

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Laurent Touchard avec Baba Ahmed (à Bamako), Cherif Ouazani

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