OGM : toxic affair
Pendant deux ans, des chercheurs français ont nourri des rats avec un maïs génétiquement modifié. Les conclusions de leur étude font froid dans le dos.
Tous des cobayes ? Gilles-Éric Séralini, professeur de biologie moléculaire, et son équipe de l’université de Caen (France) en sont convaincus. C’est d’ailleurs le titre que ce chercheur donne à son ouvrage*, destiné à faire connaître au grand public les résultats de son étude. Ses conclusions, effrayantes, confirment la toxicité d’un maïs transgénique mis au point par le semencier américain Monsanto pour résister aux herbicides.
L’expérience a été secrètement menée, durant deux ans, sur 200 rats scindés en plusieurs groupes. Au bout d’un peu plus d’un an, les rongeurs ayant été nourris avec ce maïs, qui répond au nom barbare de NK603, sont affectés de tumeurs cancéreuses de la taille d’une balle de ping-pong, ainsi que d’autres pathologies lourdes. Plus angoissant pour les consommateurs, l’OGM, utilisé pour l’alimentation du bétail ou des volailles, se retrouverait ensuite dans la viande, les oeufs et le lait.
Cultures OGM en expansion sur le continent
Le NK603 est cultivé dans douze États dans le monde, parmi lesquels l’Afrique du Sud, premier producteur d’OGM (maïs, soja et coton) sur le continent. L’an dernier, ce pays a consacré 2,3 millions d’hectares à ces cultures, soit 100 000 ha de plus qu’en 2010. En 2008, l’Égypte a fait des essais sur un autre maïs transgénique du même semencier. Simultanément, le Burkina, deuxième producteur de coton en Afrique subsaharienne, a décidé, après sept ans d’expérimentations, d’autoriser la culture commerciale du coton Bt, génétiquement modifié par Monsanto pour résister aux insectes… De quoi donner des idées au Mali, où des essais sont en cours depuis 2009. Si la fibre est plutôt destinée à l’industrie textile, les graines de coton sont utilisées dans la fabrication d’aliments pour bétail.
La période 2013-2017 devrait marquer un tournant décisif pour le continent. Quatre pays d’Afrique de l’Est (Kenya, Mozambique, Tanzanie et Ouganda) vont introduire un maïs génétiquement modifié pour résister à la sécheresse et accroître la productivité de 20 % à 35 %, via le programme international Water Efficient Maize for Africa (Wema), financé par la fondation de Bill Gates, actionnaire de Monsanto. À moins que les résultats des recherches françaises ne remettent en cause ces projets…
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* Tous cobayes. OGM, pesticides, produits chimiques, éd. Flammarion, 224 p., 19 euros.
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