Marguerite Barankitse : Maggy, dame de coeur

La fondatrice de Maison Shalom, ONG qui accueille les orphelins, multiplie les initiatives pour développer sa province. Et le pays.

La maman aux mille enfants vient d’ouvirir un établissement de microfinance. © AFP

La maman aux mille enfants vient d’ouvirir un établissement de microfinance. © AFP

CECILE-MANCIAUX-2024

Publié le 25 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Celle que tous les Burundais appellent Maggy n’a pas fini de contribuer au développement de sa ville natale de Ruyigi (Est). À 56 ans, elle a ouvert mi-juin Iteka Microfinance (iteka signifiant « dignité » en kirundi). Une initiative très appréciée par la population de Ruyigi, qui ne disposait que d’un seul établissement de ce genre, la Coopérative d’épargne et de crédit (Coopec, microfinance publique). D’ici à la fin de l’année, Marguerite Barankitse lancera aussi les nouvelles activités de l’Union des coopératives de production (UCP) Girubuntu, qui forme déjà les producteurs des provinces de Ruyigi, Cankuzo et Rutana à la création et à la gestion de coopératives. L’UCP Girubuntu fournira à ces dernières des intrants agricoles et des produits pour l’élevage.

Le dynamisme de Maggy s’est forgé dans la douleur. À 22 ans, elle est professeure de français à l’école secondaire de Ruyigi. À la fin des années 1980, après des études d’administration en Suisse, elle devient secrétaire à l’évêché de la ville. Jusqu’à ce qu’éclate la guerre civile, dont elle échappe de justesse aux massacres, en 1993, avant de prendre en charge une vingtaine d’orphelins.

la suite après cette publicité

La violence redoublant, de plus en plus d’enfants se présentent à sa porte et elle décide de créer une ONG, Maison Shalom, qu’elle installe début 1994 dans des bâtiments prêtés par l’évêché. La même année, elle ouvre des centres à Gisuru et à Butezi (qui resteront actifs jusqu’en 2001 et 2003 respectivement). Depuis, l’enseignante et son équipe en ont ouvert d’autres à travers le pays pour accueillir, soigner, éduquer et insérer dans la société les enfants et adolescents victimes de la guerre, du sida, de la misère.

Anges et business

Maison Shalom a changé Ruyigi. Outre les maisons construites pour accueillir les fratries et le personnel, la garderie communautaire a été transformée en école internationale (maternelle et primaire). En plein centre-ville, la Cité des anges, dotée d’une salle de réception polyvalente, d’une bibliothèque, d’une salle d’informatique, d’un atelier de couture, d’un salon de coiffure et de beauté, d’une piscine et d’un cinéma, sert à la formation et aux loisirs des jeunes. Elle est aussi ouverte à la clientèle.

L’association a développé d’autres sources de revenus, en particulier dans l’hôtellerie-restauration (une maison d’hôte et quatre villas en location). Sa ferme emploie quant à elle 20 permanents et 300 saisonniers, et ses produits sont soit vendus sur le marché local, soit servis aux pensionnaires de Maison Shalom, aux employés et aux clients. Enfin, en 2008, l’ONG a ouvert le centre hospitalier Rema, doté d’équipements de pointe, dont un service d’imagerie, un laboratoire d’analyses, une maternité (avec son service de néonatologie) et une école paramédicale.

la suite après cette publicité

La « maman aux 10 000 enfants », elle, a reçu de nombreuses récompenses internationales, dont le prix pour la prévention des conflits, attribué par la Fondation Chirac et doté de 100 000 euros. Il lui a été remis en novembre 2011 par l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires