Burundi : le « Muhuzu » tient la barre

Présidence de la République, gestion du parti, sans oublier le sport et la religion. Pierre Nkurunziza jongle avec les rôles… et les hommes.

Pierre Nkurunziza, président du Burundi depuis 2005. © Reuters

Pierre Nkurunziza, président du Burundi depuis 2005. © Reuters

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 24 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Burundi : retour sur scène
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Burundi : retour sur scène

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Pendant les années de rébellion, ses camarades du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) l’avaient surnommé le « Muhuzu » – « réconciliateur », en kirundi. Pierre Nkurunziza était une sorte d’autorité morale. Il réglait les différends entre les uns et les autres, arrondissait les angles. Tout naturellement, il est devenu le premier d’entre les siens. Ce qui n’en fait pas pour autant un président « ordinaire ».

Sportif, notamment féru de football, il ne se prive pas de mouiller le maillot chaque fois que l’occasion se présente, dans son pays ou à l’étranger. La religion est son autre passion. Chrétien évangélique, Pierre Nkurunziza vit intensément sa foi. Il ne se contente pas d’assister à des séances de prière. Il les anime. Et avec une prestance – parfois guitare à la main – que beaucoup de showmen peuvent lui envier. Un talent de prédicateur qui lui permet, chaque fois qu’il prononce un discours en tant que chef de l’État, de sortir de son texte et d’improviser.

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À domicile

Dans la gestion de la République, le président burundais est évidemment conscient du manque de moyens de son pays. Plutôt que de tout attendre de l’extérieur, selon lui, le Burundi peut se prendre en charge. D’où l’instauration des travaux communautaires, qui contribuent à la construction d’infrastructures sur l’ensemble du territoire. Une mobilisation des énergies qui est, pour Nkurunziza, l’occasion de se mêler à la population, de mettre la main à la pâte, dans la capitale comme dans l’arrière-pays. Si ses détracteurs n’y voient rien d’autre que du populisme, le numéro un burundais ne s’en laisse pas conter. Il poursuit sur sa lancée et met en avant tout ce que la population a pu réaliser de ses propres mains.

Au sein de CNDD-FDD, il doit tenir compte du poids des uns et des autres pour asseoir son autorité.

Les luttes intestines pour le contrôle du pouvoir ou, du moins, pour influencer le cours des événements sont féroces. Au sein du CNDD-FDD, il y a ceux qui tirent les ficelles et se croient plus légitimes que les autres du fait de leur passé dans la rébellion. Si bien que, même « à domicile », le chef de l’État doit à tout moment trouver des équilibres. Parmi ses plus proches collaborateurs, Adolphe Nshimirimana, patron des services de renseignements, Alain Guillaume Bunyoni, chef du cabinet civil du président, Évariste Ndayishimiye, conseiller militaire, et Gervais Ndirakobuca, directeur général adjoint de la police, tous généraux, sont les plus en vue – et, dit-on, les plus influents du pays. D’autres restent dans l’ombre. Pierre Nkurunziza doit tenir compte du poids des uns et des autres pour asseoir son autorité. Un exercice peu aisé et permanent, les antagonismes étant monnaie courante. Mais, au prix de délicats arbitrages, le Muhuzu semble tenir la barre.

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