Hong Kong : un jour sans, un jour avec

Sous la pression de la rue, les pro-Pékin ont été contraints de renoncer aux cours de patriotisme qu’ils prétendaient imposer dans les écoles. Mais dans la foulée, ils ont remporté les législatives !

Albert Ho (2e à g.) et ses amis, pas trop abattus après leur défaite électorale. © KIN CHEUNG/AP/SIPA

Albert Ho (2e à g.) et ses amis, pas trop abattus après leur défaite électorale. © KIN CHEUNG/AP/SIPA

Publié le 24 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique, en 1997, les habitants de Hong Kong le redoutaient : un jour ou l’autre, la République populaire tenterait de les convertir à l’idéologie du parti unique. Alors, quand au mois de juillet cette dernière a annoncé que dès la rentrée scolaire de septembre les enfants du primaire suivraient des cours de patriotisme, les Hong-Kongais ont vu rouge – si l’on peut dire. Il faut dire que les manuels scolaires chinois n’y vont pas de main morte : le multipartisme et la démocratie y sont qualifiés de « désordre » et de « chaos ». Quant aux tragiques événements de Tiananmen, en 1989, ils sont froidement passés sous silence… Du coup, plusieurs semaines durant, les manifestations se sont succédé. Des centaines de milliers de Hong-Kongais ont brandi des pancartes pour dénoncer le « lavage de cerveau » que Pékin entendait infliger à leurs enfants. Face à la vindicte populaire, le gouvernement local a fini par céder : il n’y aura pas de cours de patriotisme.

Pour les manuels scolaires chinois, la démocratie n’est que "désordre" et "chaos"

Ce revirement est survenu à la veille des élections législatives. Le 9 septembre, les Hong-Kongais étaient en effet appelés à élire au suffrage universel direct une grosse moitié des députés au Conseil législatif (Parlement), les autres membres de cette instance étant élus par un collège de grands électeurs favorables à Pékin. Misant sur la recrudescence du sentiment antichinois et sur une augmentation de la participation au vote (53 %, contre 45,2 % en 2008), l’opposition espérait une percée. Minée par ses divisions internes, elle a raté le coche, ne remportant que 27 sièges sur 70. Avec 43 sièges, les pro-Pékin conservent donc la haute main sur le Parlement, résultat qualifié de « désastreux » par Albert Ho, le président du Parti démocrate, qui a aussitôt démissionné.

la suite après cette publicité

Tout n’est cependant pas perdu pour le camp démocrate, qui a quand même obtenu un nombre de sièges suffisant pour conserver son droit de veto au Parlement. Cette demi-victoire au goût de lot de consolation lui permettra de peser en faveur de l’instauration d’un véritable suffrage universel, tant pour le chef de l’exécutif en 2017 que pour le Conseil législatif dans son ensemble trois ans plus tard, ainsi que la Chine s’y est engagée. 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Contenus partenaires