États-Unis : les belles histoires des belles ladies
Elles se prénomment Michelle, Jill, Ann et Janna. Pour faire rêver les foules et séduire les électeurs, les épouses des candidats à la présidentielle dévoilent certains aspects intimes de la vie et du caractère de leurs maris. À les en croire, ces derniers sont tous for-mi-da-bles. Vous en doutiez ?
« Barack est resté le même homme après quatre ans de présidence », assure Michelle Obama. « Quarante-deux ans plus tard, je suis toujours amoureuse de Mitt, ce garçon que j’ai rencontré lors d’une soirée au lycée et qui me fait toujours rire », certifie Ann Romney. Parole contre parole ! Fin août-début septembre, à Charlotte (Caroline du Nord) pour la première, à Tampa (Floride) pour la seconde, les deux tigresses sont montées sur scène pour enflammer les militants de leurs partis respectifs réunis en convention. Depuis, elles trompettent que Barack (ou Mitt) est le plus merveilleux des époux, le plus formidable des pères, le plus dévoué des amis et le plus patriote des citoyens. Le plus apte, donc, à exercer la fonction de President of the United States – « Potus », pour les intimes.
Storytelling
Michelle et Ann, mais aussi Jill et Janna, respectivement épouses de Joe Biden et de Paul Ryan, les colistiers d’Obama et Romney, connaissent parfaitement leur rôle. Afin d’humaniser leur conjoint et de poétiser une campagne où l’argent coule à flots sur fond de crise et de chômage, elles usent et abusent du storytelling, cette manière très américaine de faire rêver les foules en faisant mine de dévoiler certains aspects intimes du parcours et de la personnalité des candidats. Fabriquées dans les officines des conseillers en communication, ces confidences en toc font tilt auprès de l’électorat, notamment féminin, dont le vote sera décisif le 6 novembre. Pour propulser son champion aux plus hautes fonctions du pays, chacune de ces quatre femmes riches et glamoureuses doit convaincre les Américaines moyennes – mères de famille qui participent à la vie des paroisses, échangent des recettes de cookies, vont à la chorale et/ou mènent de front vie privée et vie professionnelle – qu’elle est l’une des leurs.
Souvent maladroites à leurs débuts, elles ont poli leur image depuis l’époque où leurs maris étaient gouverneurs ou sénateurs.
Souvent maladroites à leurs débuts, elles ont poli leur image depuis l’époque où leurs maris étaient gouverneurs ou sénateurs, puisant dans leur enfance, dans leur vie professionnelle ou dans leurs accidents de santé la force de les épauler dans leur ambition.
Née il y a quarante-huit ans dans une famille défavorisée de Chicago, la belle Michelle est marquée par l’exemple de son père. Employé municipal, Fraser Robinson, qui lutte contre une sclérose en plaques, travaille dur pour nourrir sa famille et, au lendemain de l’adoption du Civil Rights Act, milite au Parti démocrate pour convaincre les Africains-Américains d’aller voter. Pas question de le décevoir. Michelle fait des études de droit à l’université Harvard et intègre le cabinet d’avocats Sidley & Austin, où elle gagne très confortablement sa vie, avant de mener une carrière qui ne soit « plus uniquement motivée par l’argent » auprès d’institutions de la ville.
À mille lieues du gigantisme de Chicago, Janna Ryan, 43 ans, a grandi à Madill (3 700 habitants), dans l’Oklahoma. Mais, comme Michelle, elle est marquée dès son plus jeune âge par un drame familial : la maladie de sa mère, qui bataille contre trois cancers successifs. Pour lui faire honneur, Janna sort diplômée comme elle du Wellesley College, un établissement prestigieux qui a compté Hillary Clinton parmi ses élèves, puis de l’université George-Washington. Elle devient alors une redoutable lobbyiste doublée d’une avocate fiscaliste.
Mitt Romney, accompagné de sa femme, Ann, lors d’un meeting, le 29 août dernier.
© AFP
Pleurer dans les chaumières
Pour Ann Romney, capiteuse (fausse) blonde de 63 ans, la vie s’est d’abord montrée plus clémente. Certes, pour faire oublier que Mitt est millionnaire, elle tente de faire pleurer dans les chaumières en assurant que son mari est un self-made-man et que son propre père a travaillé dès l’âge de 6 ans. Elle omet de dire que ce Gallois d’origine est devenu un entrepreneur fortuné, maire d’une banlieue chic de Detroit de surcroît, et que Mitt était le rejeton du gouverneur du Michigan. Enfant très gâtée, elle s’est toujours consacrée aux études avec modération. Par la suite, elle se bornera à élever ses cinq fils.
L’éducation, c’est justement la passion de Jill Biden. Cette pétillante sexagénaire d’origine italienne a grandi en Pennsylvanie auprès d’un père employé de banque et d’une mère au foyer. Depuis 2009, elle enseigne l’anglais dans un community college, établissement beaucoup moins onéreux qu’une université et donc ouvert aux classes populaires. Des années auparavant, elle avait tâté du mannequinat, ce qui lui avait valu d’être remarquée par Joe Biden, alors sénateur du Delaware, qui avait perdu sa femme et sa fille dans un accident de voiture.
Romance
Ah ! la rencontre avec le prince charmant. À Charlotte comme à Tampa, Mmes Obama et Romney ont évoqué les débuts de leur vie de couple, jalonnés d’épreuves surmontées à force de travail et d’amour. Moulée dans une robe rose irisé, symbole de douceur de vivre, Michelle a raconté son premier rendez-vous avec Barack, à bord d’une guimbarde brinquebalante. Toute de pourpre vêtue telle une conquérante, Ann a rappelé qu’elle a connu Mitt sur les bancs de l’école avant de le retrouver lors d’un bal de lycéens. Elle a 15 ans, lui 17. Il s’apprête à partir en mission en France pour le compte de l’Église mormone… Durant cette période, Ann embrasse la foi de son fiancé, flirte avec un autre, envoie une lettre de rupture, mais Mitt s’accroche et, en 1969, l’épouse. Il n’a pas encore fondé Bain Capital, la société d’investissement grâce à laquelle il est devenu millionnaire. Non, à l’époque, le jeune couple vit dans un entresol et mange des pâtes au thon sur une planche à repasser qui sert aussi de table de cuisine. On peut rester sceptique, mais cette version est so romantic…
C’est à sa fête d’anniversaire que Janna rencontre Paul Ryan. Elle est issue d’une famille de l’establishment démocrate. Paul est un républicain très conservateur… et très enrhumé ce soir-là. Qu’importe, différends politiques et microbes sont emportés par un torrent d’amour. L’executive woman quitte Washington et son travail pour suivre son mari à Janesville, dans l’État du Wisconsin, dont il est le gouverneur. Ils sont riches (mais prennent garde de ne jamais l’afficher), heureux et ont trois enfants de 7, 9 et 10 ans.
Heureux en ménage ? Fort bien, mais la parfaite épouse de candidat doit aussi oeuvrer au bonheur de ses semblables.
Heureux en ménage ? Fort bien, mais la parfaite épouse de candidat doit aussi oeuvrer au bonheur de ses semblables. Collecte de fonds, visites aux vétérans blessés, tournées dans les bases militaires… Michelle et Jill se démènent dans Joining Force Initiative, un organisme qui aide les familles de soldats en mission. Très hostile à la politique belliqueuse de George W. Bush, l’épouse de Joe Biden a même écrit, en juin, un livre pour enfants, Don’t Forget, God Bless Our Troups, avec l’aide de Natalie, sa petite-fille de 4 ans, dont le père combattit en Irak.
Maladies ou grandes causes de l’enfance entrent également dans le domaine de compétence de la First (ou Second) Lady. La sculpturale Michelle s’est taillé une belle cote de popularité en luttant contre l’obésité infantile et en plantant un potager à la Maison Blanche afin de promouvoir une alimentation à base de fruits et de légumes.
Barack Obama, sa femme, Michelle, et sa fille.
© Sasha/ Reuters
Bête de mode
Sasha, Malia et "Mom-in-Chief"
On les a connues fillettes. Ce sont aujourd’hui des ados. Malia (14 ans) se dépense sur les courts de tennis. Sasha (11 ans) joue au basket et apprend le chinois. En public, elles sont toujours calmes et polies. Les Obama forment une famille normale et le font savoir. Sous la férule de Michelle, les filles doivent se plier à plusieurs règles. En voyage, écrire des mémos sur ce qu’elles ont vu. En semaine, pas d’accès à l’ordinateur sauf pour les devoirs. Toute l’année, la pratique de deux sports, dont l’un leur est imposé car « il faut apprendre à progresser dans un domaine qu’on n’aime pas ». Et elles doivent manger des légumes. C’est mom-in-chief qui l’ordonne ! J.D.
Cancer du sein, sclérose en plaques… Rien n’a été épargné à Ann Romney, qui promet à son tour assistance aux malades. Du temps où son mari était gouverneur du Massachusetts, elle se consacra à la cause des enfants défavorisés et à la prévention des grossesses chez les adolescentes. Jill Biden, elle, ne cesse de plaider auprès d’Obama la cause des community colleges, dont elle visite régulièrement les campus.
Reste le look. Une donnée essentielle depuis le passage de Jackie Kennedy à la Maison Blanche. Véritable bête de mode qui adore se montrer bras nus, Michelle Obama a su créer son style : des tenues très colorées, souvent asymétriques. Mais attention, si le chic est admis, la dépense tapageuse est très, très mal vue. La première dame s’est déjà fait taper sur les doigts. Elle a retenu la leçon et, désormais, opte pour le prêt-à-porter.
Adepte des couleurs unies et violentes (rouge écarlate, bleu électrique), Ann Romney n’a pas reculé devant la dépense pour l’investiture démocrate (2 500 dollars pour sa robe signée Oscar de la Renta), avant de réduire la voilure les jours suivant. À ses côtés, Janna Ryan, rayonnante dans une robe émeraude à 200 dollars, a su faire apprécier à la fois son sens de la mode et de l’économie.
Bien entendu, ce quatuor de dames soigne sa ligne et affiche des goûts simples – pas facile pour la richissime Ann, championne d’équitation dont l’un des chevaux de dressage a concouru aux JO de Londres. Jill Biden est une adepte du jardinage et des soirées cinéma. Michelle Obama va en salle de gym tous les matins. Janna aime la pêche et partage avec son époux l’amour des grands espaces. Bref, elles sont parfaites. Tellement parfaites qu’on ne sait trop laquelle choisir !
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