Afrique du Sud : semaine décisive pour Cyril Ramaphosa

Déstabilisé par un scandale impliquant de mystérieuses sommes d’argent en liquide, le président sud-africain voit son avenir politique suspendu au possible lancement d’une procédure de destitution mardi, avant un vote de l’ANC en vue d’un second mandat.

Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, à Johannesburg, le 5 décembre 2022, après une réunion du Comité exécutif national (NEC) du Congrès national africain (ANC) pour discuter de son sort. © MARCO LONGARI/AFP

Publié le 12 décembre 2022 Lecture : 3 minutes.

C’est une semaine cruciale qui s’ouvre pour le chef d’État, 70 ans, accusé d’avoir tenté de cacher à la police et au fisc un cambriolage datant de 2020 dans l’une de ses fastueuses propriétés où il s’adonne à une passion : l’élevage de bovins rares.

À l’époque, les voleurs étaient repartis avec 580 000 dollars trouvés dans un canapé, bien plus selon la plainte en juin à l’origine du scandale qui accuse le président d’avoir touché de l’argent sale. Aucune charge n’a été retenue contre lui à ce stade, l’enquête de police se poursuit.

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Le Parlement doit décider ce mardi 13 décembre de lancer ou non un prochain vote en destitution. Trois jours avant la réunion en congrès de l’ANC, qui doit élire son prochain leader et potentiel futur chef de l’État si le parti remporte les élections générales de 2024.

Confiance crâne

Cyril Ramaphosa est candidat à la présidence du Congrès national africain (ANC) qui choisit les chefs d’État depuis l’avènement de la démocratie dans le pays. Il est le favori, loin devant son ancien ministre de la Santé Zweli Mkhize, 66 ans.

Gêné depuis des mois par l’affaire, le président a affiché ces derniers jours une confiance crâne, testant au cours du week-end sa popularité lors d’un déplacement au Cap. Accueilli en star par des cris et des flashs, il a serré des mains, tapoté la tête des enfants, déclarant tout sourire aux journalistes : « Il n’y a pas de problème, pas de crise, détendez-vous ».

Pourtant, un rapport parlementaire avait conclu fin novembre que Cyril Ramaphosa « a pu commettre » des actes violant la loi dans l’affaire du cambriolage, ouvrant la porte à une procédure de destitution.

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Contre-attaque

Le président a contre-attaqué la semaine dernière avec un recours devant la plus haute juridiction du pays pour faire invalider les conclusions de cette commission indépendante composée de trois juristes, critiquées pour n’être qu’une suite de conjectures. La Cour constitutionnelle doit se prononcer en urgence.

Les caciques de l’ANC ont annoncé un soutien officiel au chef d’État, appelant les parlementaires à voter mardi contre le lancement d’une procédure de destitution. Des rumeurs d’une possible démission du président, réputé fin tacticien, avaient circulé les jours précédents.

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Des voix dissidentes au sein du parti historique ont dénoncé l’absence de débat et un passage en force des apparatchiks. Qu’importe, « les parlementaires suivent généralement la ligne du parti, l’ANC a les choses en main », a affirmé un haut responsable.

Vote peu probable

Et le parti étant largement majoritaire au Parlement avec 230 députés sur 400, la possibilité d’un départ forcé qui exigerait dans la foulée d’un vote à la majorité simple ouvrant la procédure -, un vote à la majorité des deux tiers, est peu probable.

Par ailleurs, « il est possible que la présidente de l’Assemblée nationale, alliée politique de Ramaphosa, décide de repousser toute la procédure à l’an prochain », estime le politologue William Gumede. Cela donnerait toute latitude à Cyril Ramaphosa pour se mettre en orbite au sein de l’ANC en vue d’un second mandat à la tête du pays, sans être dérangé par aucune des procédures liées au scandale.

Le chef d’État clame son innocence, arguant que l’argent dérobé provient de la vente de 20 buffles à un homme d’affaires soudanais. Hazim Mustafa a récemment confirmé à plusieurs médias britanniques la transaction et son montant, soutenant au moins en partie la version des faits du président.

Achetés fin 2019 au début de la pandémie de Covid, les bovins n’ont jamais été livrés à Dubaï où il est installé, explique Hazim Mustafa, avouant ne pas avoir réalisé être en transaction avec le président sud-africain dont il attend d’ailleurs toujours un remboursement.

(Avec AFP)

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