Côte d’Ivoire : comment relancer le dialogue ?

Le parti présidentiel d’Alassane Ouattara et les anciens fidèles de Laurent Gbagbo prônent le dialogue politique. Les initiatives fleurissent. Mais chacun attend que l’autre fasse le premier pas…

Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire. © AFP

Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire. © AFP

Publié le 19 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Peut-on relancer le dialogue politique en Côte d’Ivoire ? Oui, si l’on en juge par les initiatives en cours et les déclarations récentes. « Nous devons mener des discussions sincères pour trouver une solution à nos problèmes », explique Sylvain Miaka Oureto, le président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI, fondé par Laurent Gbagbo). Même son de cloche chez Danièle Boni Claverie, ancienne ministre du chef de l’État déchu et présidente de l’Union républicaine pour la démocratie (URD). De leur côté, Jeannot Ahoussou-Kouadio, le Premier ministre, Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, et Hamed Bakayoko, le ministre de l’Intérieur, ont réactivé les pourparlers avec plusieurs membres de l’opposition. Blaise Compaoré, le président burkinabè, a envoyé Boureima Badini, son ex-représentant en Côte d’Ivoire, pour écouter les uns et les autres.

Le mur de méfiance sera, semble-t-il, difficile à abattre. Charles Konan Banny, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR), y travaille pourtant. L’ancien Premier ministre a reçu la semaine dernière tous les représentants des partis politiques, des organisations syndicales et de la société civile, ainsi que les leaders religieux.

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Humiliés

Se mettront-ils enfin d’accord sur une feuille de route ? Fin avril, le gouvernement avait organisé une rencontre avec l’opposition à Grand-Bassam. Refusant d’être traité à égalité avec les petites formations pro-Gbagbo, le FPI avait choisi de n’y assister qu’en tant qu’« observateur ». Si ses dirigeants semblent avoir réduit leurs exigences à la suite des arrestations de Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, et d’Alphonse Douati, son adjoint, ils attendent néanmoins des signes forts du pouvoir : libération de prisonniers politiques, dégel des avoirs, retour des exilés et établissement d’un cadre de dialogue n’excluant aucune question (financement des partis, recomposition de la commission électorale…).

De son côté, le Rassemblement des républicains (RDR, d’Alassane Ouattara) pose comme préalable la reconnaissance par le FPI de la victoire électorale du président. Ce geste n’a pas lieu d’être, plaide la direction du FPI, qui indique s’être déjà rendue à l’investiture de Ouattara en mai 2011. « Miaka Oureto ne peut aller jusqu’à renier Laurent Gbagbo sous peine de perdre toute légitimité auprès de militants si attachés au président déchu, explique un des médiateurs. On peut discuter avec lui. Il est modéré, mais son périmètre d’action est limité car le vrai pouvoir est sous les verrous [Aboudramane Sangaré, Pascal Affi N’Guessan et Simone Gbagbo, cofondateur, président et vice-présidente du FPI, NDLR] ». Humiliés au lendemain du 11 avril 2011, emprisonnés depuis plus d’un an sans procès, ces derniers ne sont pas prêts à tendre la main. Dans le camp de Ouattara, les faucons du régime ne veulent pas non plus s’y résoudre. Ils estiment que le FPI joue un jeu de dupes et qu’il est derrière les attaques meurtrières perpétrées contre l’armée en août dernier. Ils ont depuis durci le ton : vague d’arrestations, suspension de la « presse bleue » favorable à Gbagbo…

Charles Konan Banny a, quant à lui, achevé ses entretiens le 15 septembre. Il en fera un compte rendu au chef de l’État, à qui il incombera de choisir qui doit mener le dialogue politique, et dans quel cadre. Ce dernier s’impliquera-t-il personnellement dans le processus ? Le déléguera-t-il au président de la CDVR ? À celui de l’Assemblée nationale ? Au Premier ministre ? Acceptera-t-il de faire des gestes d’apaisement ? Tout le monde est aujourd’hui suspendu à ses lèvres.

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