France : jamais contents !
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 17 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.
Pauvre François Hollande… Élu il y a à peine quatre mois, conforté par une victoire probante aux législatives, voici le président « normal » de la France déjà soumis au feu des critiques, version lance-flammes. Ce n’est pas nouveau : les Français sont versatiles. Après la fin de règne d’un François Mitterrand diminué par la maladie, il fallait l’énergie d’un Jacques Chirac. Après l’immobilisme qui a marqué le second mandat de l’ex-maire de Paris, il fallait un réformateur dynamique, moins hiératique et plus proche du peuple. Après le bouillonnant Sarkozy, retour au calme et à la sérénité, évidemment ! Les Français reprochent aux hommes politiques de leur mentir ? Ils ont toujours rejeté ceux d’entre eux, bien rares, qui leur ont tenu un langage de vérité, comme Raymond Barre, par exemple. Pas facile, dans ces conditions, de placer le curseur au bon endroit.
On reproche aujourd’hui à Hollande ce qui faisait de lui, hier, le candidat idéal contre le Zébulon Sarkozy : calme, patience, sobriété, pondération et discrétion. Certes, les temps sont durs et la crise menace chaque jour un peu plus une nation cernée d’États déliquescents ou au bord de l’asphyxie. Pas suffisamment capitaine pour un navire en pleine tempête. Trop mou avec ses femmes, l’ancienne et l’actuelle, qui s’écharpent en coulisses. C’est bien connu : un homme qui ne sait point tenir son gynécée ne peut diriger un État…
La frontière entre prudence et attentisme, ou entre discrétion et immobilisme est ténue. En France, elle semble dépendre de l’humeur des citoyens et, surtout, des journalistes, qui n’aiment rien tant que faire la leçon, quitte à flirter régulièrement avec la mauvaise foi. Hollande, sorte d’anti-Sarkozy choisi par une opinion lassée des foucades d’un président omniprésent et clivant, est donc devenu LA cible. En une des grands hebdos, une litanie d’injonctions (« Secoue-toi ! », « On se réveille ! ») ou d’interrogations perfides (« Et si Sarkozy avait raison ? », « Sont-ils si nuls ? »).
Il est demandé à François Hollande de réussir une mission impossible, devenir en quelques semaines le Gerhard Schröder français, celui qui ferait renaître un pays pourtant plombé par une dette abyssale et une croissance en berne, rongé par des déficits récurrents, otage d’une multitude d’avantages et de droits acquis que personne ne songe, malgré l’impérieuse nécessité, sinon à abandonner, du moins à reconsidérer. Coincé entre de nombreux écueils politiques, parmi lesquels la satisfaction des appétits au sein de son propre parti comme parmi ses alliés de gauche n’est pas le moindre, et les attentes inouïes des victimes de la crise, Hollande, à en croire nos oracles médiatiques, n’a pas le choix : il doit tout à la fois nettoyer les écuries d’Augias et lancer ses travaux d’Hercule, respecter ses promesses électorales mais aussi en proposer de nouvelles, rester lui-même, tout en singeant de temps à autre son prédécesseur honni, mais si rassurant face à la crise.
En moins de quatre mois, la naïve hollandemania s’est muée en hypocrite « Hollande bashing ». Et bientôt, on regrettera Sarkozy ?
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