RDC – Sur les traces de Mobutu #2 : les gloires passées de Kinshasa

Dans sa ville natale ou dans la capitale de la RDC, Kinshasa, l’ancien président congolais, Mobutu Sese Seko, a été un infatiguable bâtisseur. Mais la colère des hommes et l’usure du temps ont fait leur oeuvre.

Le faste du domaine de Nsele n’est plus qu’un lointain souvenir. © Gwenn Dubourthoumieu/http://www.gwenn.fr/

Le faste du domaine de Nsele n’est plus qu’un lointain souvenir. © Gwenn Dubourthoumieu/http://www.gwenn.fr/

Publié le 19 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le maréchal-président du Congo-Zaïre Joseph-Désiré Mobutu, en juin 1983, à Lubumbashi. © Pascal Maitre pour J.A.
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RDC : la nostalgie Mobutu

Il y a 50 ans, le 24 novembre 1965, le général Joseph-Désiré Mobutu, à la tête de l’armée, s’emparait du pouvoir en renversant le premier président de l’ex-Congo belge, Joseph Kasa-Vubu. Près de trente-deux ans plus tard, le 7 septembre 1997, l’ex-président du Zaïre décédait à Rabat, au Maroc, loin des siens. Aujourd’hui, le jugement des Congolais oscille entre indulgence, regret d’un orgueil perdu et souvenir cauchemardesque d’une dictature à bout de souffle. Un dossier paru en 2012 dans Jeune Afrique.

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Elle a été renommée place de la Reconstruction, mais les Kinois continuent de l’appeler « l’échangeur de Limete ». Sur ce site, en hommage à Patrice Lumumba, le maréchal Mobutu a fait construire un édifice de 150 m de haut. Ce monument, dit de l’Indépendance, resta toutefois inachevé. À l’époque, la rumeur racontait que l’architecte qui l’avait conçu serait mort sans dévoiler ses plans. En fait, l’édifice présentait une malfaçon. Quarante ans après, dans la perspective du sommet de la Francophonie, la place fait peau neuve.

À deux pas de là, sur le boulevard Lumumba, se trouvent les bâtiments de la Foire internationale de Kinshasa (Fikin), inaugurée le 30 juin 1969. Si la Fikin a aujourd’hui piètre allure, c’est parce que les pillages de 1991 et 1993 sont passés par là. Pourtant, à son heure de gloire, s’y rendre était un must. « Il y avait plein de stands, de manèges et d’aires de jeux pour les enfants », se souvient Claude. À quand sa réhabilitation ?

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À la Gombe, près de la gare centrale, l’imposant immeuble de l’ex-Sozacom (Société zaïroise de commercialisation des minerais), une filiale de la Gécamines, qui abrite, entre autres, le ministère des Mines, aurait lui aussi besoin d’une bonne rénovation. Le même constat vaut pour la tour de la Cité de la voix du Zaïre, devenue Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC), inaugurée en 1976. Elle devrait être transformée en hôtel.

© Gwenn Dubourthoumieu/http://www.gwenn.fr/

Eléphant blanc

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Le stade des Martyrs de 80 000 places, situé à Lingwala, a, lui, été rénové en 2008. Construit par les Chinois et inauguré en 1994, il s’appelait alors Kamanyola, du nom d’une ville du Sud-Kivu où Mobutu aurait échappé à la mort lors de combats contre des rebelles katangais. En 1997, il fut rebaptisé stade des Martyrs-de-la-Pentecôte en souvenir de quatre condamnés pendus sur ce site le 1er juin 1966 pour tentative de coup d’État.

Longtemps considéré comme un éléphant blanc, le Centre de commerce international du Congo (ex-CCIZ) vient de retrouver une seconde vie. Cette tour en bordure du fleuve Congo, reprise par China Railway Engineering Corporation, est transformée en hôtel de grand standing, qui ouvrira ses portes pour le sommet de la Francophonie.

Sur les hauteurs de Kinshasa, à Ngaliema, la Cité de l’OUA n’a pas changé de vocation. Construite pour héberger les chefs d’État, elle accueille toujours des hôtes de marque et des soirées prestigieuses.

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D’autres édifices construits sous Mobutu ont eu des destins particuliers. Ainsi le Palais du peuple, un cadeau de la Chine achevé en 1979, n’était pas initialement destiné à abriter le Parlement. Quant à l’ex-Banque du peuple, elle est devenue le siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

En revanche, sur les hauteurs de Kinshasa, à Ngaliema, la Cité de l’OUA n’a pas changé de vocation. Construite pour héberger les chefs d’État, elle accueille toujours des hôtes de marque et des soirées prestigieuses, comme celle donnée à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, le 30 juin 2010. C’est également ici que des délégations présidentielles venues pour le sommet de la Francophonie seront logées. Bâti non loin de là, le Palais de marbre, où Laurent-Désiré Kabila avait élu domicile, est devenu l’un des domiciles de la famille présidentielle. Quant au Théâtre de verdure construit par le maréchal dans l’enceinte de sa résidence du Mont Ngaliema – une ancienne bâtisse coloniale -, il accueillera également des festivités en l’honneur de la Francophonie.

Parmi les autres édifices réalisés par l’ex-président figurent l’immeuble de l’ex-Union zaïroise des banques à La Gombe et, bien évidemment, son incroyable domaine de Nsele, appelé à l’époque la cité du MPR.

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