Afrique du Sud : Ramaphosa échappe à une procédure de destitution
Le chef de l’État sud-africain est accusé d’avoir caché à la police et au fisc un cambriolage. Une affaire pas assez grave pour le pousser à la démission, estime l’Assemblée nationale. Son parti, l’ANC, doit choisir cette semaine un candidat pour l’élection générale de 2024.
Embourbé dans un scandale depuis des mois, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, a échappé le 13 décembre à l’ouverture d’une procédure de destitution. L’assemblée a voté contre à 214 voix, pour à 148 voix et deux abstentions. Chacun des députés présents a énoncé clairement son choix.
Lors des débats, la présidente a dû appeler au calme. Si plus de 50 % des élus avaient jugé suffisamment grave l’affaire de cambriolage qui gêne le président, une procédure aurait été lancée pour examiner l’affaire en détail. Cyril Ramaphosa, 70 ans, qui a fait fortune dans les affaires avant d’accéder à la fonction suprême, est accusé d’avoir caché à la police et au fisc un cambriolage dans sa ferme de Phala Phala. En février 2020, des intrus étaient repartis avec 580 000 dollars, dénichés sous les coussins d’un canapé. Le fruit de la vente de vingt buffles, selon le président. De l’argent sale, selon la plainte déposée en juin par un opposant.
« Pas assez d’éléments »
Un rapport parlementaire, rédigé par trois juristes, avait conclu à la fin de novembre que Ramaphosa « [avait] pu commettre » des actes contraires à la loi. C’est sur cette base que le Parlement devait se prononcer. « Nous ne votons pas pour déclarer le président innocent ou coupable », avait tenté lors du débat le chef du principal parti d’opposition (DA), John Steenhuisen, mais pour que le Parlement puisse aller au fond de l’affaire.
« C’est un moment décisif. Le Parlement affirmera aujourd’hui que personne n’est au-dessus de la loi ou que quelques-uns le sont », a déclaré Vuyolwethu Zungula, du petit parti d’opposition ATM à l’origine d’une motion de censure. Julius Malema, leader de l’EFF (gauche radicale), s’est dit « déçu », accusant même le président, dans un langage assez cru, de « pisser sur la Constitution ».
« Le rapport place la barre trop bas pour destituer un président en exercice », a contesté le ministre de la Justice, Ronald Lamola. « Il n’y a pas assez d’éléments » pour le justifier, a martelé le fervent soutien du chef de l’État alors que le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) avait donné consigne à ses élus de rejeter une telle procédure.
Vote crucial à l’ANC
Le chef de l’État, qui reste très populaire en dépit des soupçons et qui a passé la journée du 13 décembre entre Pretoria et Johannesburg, n’est pas inculpé, mais l’enquête de police se poursuit. En soirée, dans une brève déclaration, son porte-parole a déclaré que « le président Ramaphosa a toujours affirmé son engagement en faveur de l’application de la loi ».
Au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, l’ANC doit élire en fin de semaine son prochain leader et potentiel futur chef de l’État, en cas de victoire aux élections générales de 2024. Cyril Ramaphosa est candidat à la présidence du parti, face à son ancien ministre de la Santé, Zweli Mkhize . Les caciques de l’ANC, en l’absence de successeur crédible, lui avaient apporté un soutien officiel pour le sauver, appelant, en dépit de tiraillements, les 230 députés du parti à voter comme un seul homme pour rejeter la procédure de destitution. Seule une poignée d’entre eux ont manqué à l’appel.
(avec AFP)
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