Cinéma : DSK, superstar malgré lui

Le personnage de Dominique Strauss-Kahn a déjà inspiré plusieurs romans, une série télé et même un film porno. Et voilà qu’Abel Ferrara, le sulfureux réalisateur new-yorkais, succombe à son tour !

DSK pendant la lecture de l’acte d’accusation, à Manhattan, le 16 mai. © Shannon Stapleton / Reuters

DSK pendant la lecture de l’acte d’accusation, à Manhattan, le 16 mai. © Shannon Stapleton / Reuters

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 7 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Selon la chaîne américaine CNN, ses avocats négocieraient un accord financier avec les conseils de Nafissatou Diallo afin d’éviter un procès civil. Le dossier du Carlton de Lille, dans lequel il a été mis en examen pour proxénétisme aggravé, suit son cours. Et, selon la presse people, il est séparé d’Anne Sinclair. Fascinant et répulsif, DSK reste un anti(h)éros malgré lui.

Dans Les Strauss-Kahn, la biographie que Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin consacrent à son couple, il est « un jouisseur sans destin » – le mot, cruel, serait de François Mitterrand. Dans Chaos brûlant, le nouveau roman de Stéphane Zagdanski, il est un « agrippeur de vagins ». Dans Night Watch, un polar de Linda Fairstein (qui a dirigé la section chargée des affaires sexuelles au bureau du procureur de New York), il est Mohamed, un Franco-Ivoirien à la tête d’une organisation internationale qui ambitionne de devenir président de la Côte d’Ivoire avant d’être accusé de viol par une femme de ménage guatémaltèque. Même scénario dans un épisode de la série New York unité spéciale, sauf qu’il y est prénommé Roberto et qu’il est italien. Dans le film porno DXK, il surgit une serviette de bain autour de la taille et sa femme tombe dans les bras de son garde du corps…

la suite après cette publicité

On n’attendait plus que le film grand public. Avec, à l’affiche, deux des plus grandes stars du cinéma français. Devinez… Elle a les yeux pervenche et la silhouette gironde d’Anne Sinclair. Lui trouve DSK « arrogant, très français », et, justement parce qu’il « ne l’aime pas », il va le jouer. Isabelle Adjani incarnera l’épouse stoïque dans l’adversité et Gérard Depardieu le faunesque patron du Fonds monétaire international dans le prochain long-métrage d’Abel Ferrara. En février, le sulfureux cinéaste américain avait noyé le poisson : « Ce sera un film sur l’addiction sexuelle des hommes de pouvoir », avait-il annoncé, certifiant que son personnage serait « un mélange de Berlusconi, Clinton et DSK ».

Esclave du sexe

« Ce sera le huis clos d’un couple pris dans la tourmente. Même si on ne porte pas les noms des personnalités en question, qui est dupe ? » a asséné Adjani le 26 août, confirmant l’identité des protagonistes de cette fiction qui devrait évoquer le tête-à-tête étouffant du couple Sinclair-DSK dans une maison assiégée par la presse et les curieux.

Le tournage, qui doit débuter d’ici à la fin de l’année, aura lieu à Paris, Washington et New York. Ô surprise : la chambre 2806 du Sofitel, où Nafissatou Diallo affirme avoir été violée, est précisément celle où Ferrara tourna New Rose Hotel en 1998 ! « C’est une de ces chambres où il se passe de sales trucs », explique le réalisateur, fasciné par la coïncidence. Dans Bad Lieutenant, qui décrivait la descente aux enfers d’un officier de la police criminelle, ce spécialiste des ambiances glauques avait fait scandale en tournant les scènes de prise de drogue et d’alcool sans trucages. « J’en connais, des obsédés à la DSK. Il est totalement esclave du sexe, mais c’est un problème entre sa femme et lui. Avec tout ce que j’ai fait, dois-je lui jeter la première pierre ? » confie-t-il. « Ça devrait être passionnant, renchérit Adjani, car il y a aux commandes un metteur en scène qui n’est pas français. Il va aller là où ça fait mal. Avec lui, il n’y a aucun politiquement correct. »

la suite après cette publicité

Un politiquement correct dont Depardieu ne s’est pas embarrassé, en mars, en décrivant un DSK plein de morgue : « Je n’aime pas ce qu’il est, quand il marche, la main dans la poche. » Lorsque le patron du FMI est apparu blême et menotté dans la nuit new-­yorkaise, l’acteur dit n’avoir éprouvé aucune compassion : « Je n’ai jamais été ému par des gens qui n’avaient pas de dignité. » Voilà l’homme au peignoir habillé pour l’hiver… 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires