Cameroun : Chantal Biya, la femme invisible

Son absence ne passe jamais inaperçue. Or celle-ci se prolonge mystérieusement, et les Camerounais s’interrogent. Où est passée leur première dame, Chantal Biya ?

La premier dame du Cameroun lors de l’élection présidentielle d’octobre 2011. © AFP

La premier dame du Cameroun lors de l’élection présidentielle d’octobre 2011. © AFP

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Publié le 5 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Elle n’est pas apparue en public depuis le mois de mars. Le retrait de la scène de celle qui est leur première dame depuis dix-huit ans suscite l’impatience des Camerounais. Où est donc passée Chantal Biya ? Jamais absente n’aura été si présente dans les esprits. Fin juillet, à Brazzaville, au Congo, les habitués des sommets de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont attendu en vain qu’elle fasse l’une de ses entrées remarquées, parée de ses tenues chatoyantes qui réchauffent l’univers froid et aseptisé des grands-messes diplomatiques.

Éloignée depuis quatre mois pour raison de santé, Chantal Biya, 41 ans, poursuit sa convalescence à la résidence présidentielle de Neuilly-sur-Seine, une banlieue chic qui jouxte la capitale française. Loin du fracas des procédures judiciaires marathon qui tiennent son pays en haleine. À l’abri de la dureté de la vie politique, qui l’oblige à d’incessants changements de ligne téléphonique, afin d’éviter l’embarras de parler à ces amies de quinze ans qu’elle ne peut plus voir depuis que leurs maris – ministres ou directeurs généraux jugés pour corruption – croupissent en prison. Loin, aussi, des tensions budgétaires, des risques de troubles sociaux dus à l’inévitable hausse du prix du carburant, des soucis de la rentrée scolaire…

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La saison est tempétueuse, et le capitaine Biya, seul sur le pont. À Yaoundé, sa solitude préoccupe presque autant qu’à l’époque qui suivit le décès, en juillet 1992, de Jeanne-Irène, sa première épouse. Même si, à ce moment-là, avant qu’il ne se remarie avec Chantal en 1994, il vivait entouré de ses rares amis – l’agronome René Owona, le diplomate et écrivain Ferdinand Léopold Oyono -, aujourd’hui décédés. Ces dernières années, le président s’est replié sur sa famille nucléaire, elle aussi dépeuplée depuis que Junior et Anastasie, ses enfants issus de son second mariage, sont scolarisés en Suisse.

Rumeurs

Sevrés d’informations, des journaux locaux ont parié un peu vite sur une brouille entre époux. Aussitôt, la machine à rumeurs s’affole. Elle se heurte à un mur de silence. Le 7 août, le président s’envole pour Genève, sa villégiature préférée. Sa femme l’y rejoint, mais, rendez-vous médicaux obligent, elle reprend le 29 août, en train, le chemin de la France.

Au palais d’Etoudi, on fait comme si de rien n’était. Les collaborateurs du chef semblent tétanisés. Au point de laisser croire jusqu’au bout que, conformément aux usages, la première dame assistera au défilé de la fête nationale du 20 mai. Le 17 mai, lors de la répétition générale, un fauteuil lui est réservé. La fanfare de l’armée prépare une symphonie de Mozart pour l’accueillir. Le jour dit, la télévision d’État annonce son arrivée « imminente ». Personne n’ose demander confirmation au président. Et puis on craint aussi les colères de Chantal Biya, aussi mémorables qu’éphémères. Son caractère bien trempé et son influence auprès du président l’ont aidée à s’imposer à ceux qui, au début, la regardaient de haut, elle la jeune métisse de père français élevée par sa mère. Depuis, elle s’est mise à l’anglais et à la philosophie, a créé une fondation qui oeuvre dans le domaine de la santé et de la recherche médicale.

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Ses soucis de santé ne sont pas parvenus à la détourner du plaisir de faire ses courses sur les Champs-Élysées. En attendant le retour au pays… 

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