Qatar 2022 : quel avenir pour Walid Regragui ?

Défait par la France le 14 décembre, le Maroc de Walid Regragui joue aujourd’hui pour la troisième place de la Coupe du monde face à la Croatie. Un résultat inespéré pour l’entraîneur dont la méthode a séduit les joueurs.

Walid Regragui applaudit les supporters qui célèbrent la victoire sur le Portugal au stade Al-Thumama à Doha, le 10 décembre 2022. © KARIM JAAFAR/AFP

Alexis Billebault

Publié le 17 décembre 2022 Lecture : 4 minutes.

Depuis qu’il est entraîneur, Walid Regragui (47 ans) n’est pas toujours allé au bout de ses contrats. En 2020, il avait quitté le FUS Rabat en cours de saison, à quelques mois du terme de son engagement avec le club de la capitale, pour rejoindre Al-Duhail SC au Qatar. Là, il avait été démis de ses fonctions alors qu’il avait remporté le titre de champion.

Revenu au Maroc, l’ancien défenseur des Lions de l’Atlas s’était engagé avec le Wydad Casablanca en août 2021 pour un an, avec une option pour une saison renouvelable. Mais après avoir réussi à gagner la Ligue des Champions africaine et le championnat marocain, il avait décidé d’arrêter son aventure avec le mastodonte casablancais, alors que son nom circulait avec insistance pour succéder à Vahid Halilhodzic dont le sort était déjà scellé.

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Offres à venir

Le 31 août, Regragui est devenu le sélectionneur du Maroc pour une durée de 3 ans et un salaire mensuel de 60 000 euros, soit un peu moins que ce que gagnait son prédécesseur (77 000 euros). Il est lié avec la Fédération royale marocaine de football (FRMF) jusqu’à la Coupe du monde 2026 qui aura lieu aux États-Unis, au Mexique et au Canada. Mais comme il l’a récemment rappelé, il partira si le Maroc n’atteint pas les demi-finales de la CAN 2024 en Côte d’Ivoire.

D’ici là, l’ancien joueur de Toulouse, de l’AC Ajaccio, de Grenoble et du Racing Santander (Espagne) sera probablement sollicité ailleurs, comme le suppose l’ancien international marocain Abdeslam Ouaddou. « Avec le parcours de son équipe, il recevra probablement des offres, ce qui est logique. Mais le connaissant, il ne partira pas. Il vient d’arriver, il a des objectifs – se qualifier pour la CAN en Côte d’Ivoire, atteindre les demi-finales et se qualifier pour la Coupe du monde 2026 – et il a envie de faire encore grandir sa sélection », estime l’ancien coéquipier de Regragui chez les Lions de l’Atlas.

Management plus souple

Au sein de la fédération, personne ne semble s’inquiéter des probables propositions qui devraient arriver sur le bureau de Fouzi Lekjaa, le président de l’instance, et sur la volonté de l’entraîneur de poursuivre sa mission. « Regragui est ambitieux mais loyal. C’est normal qu’il intéresse des clubs ou des sélections, mais il a un contrat », estime une source interne. Au Maroc, où on espère que les Lions de l’Atlas décrocheront la troisième place contre la Croatie, Walid Regragui a vu sa cote de popularité, déjà très haute après ses performances au FUS Rabat et surtout au Wydad, littéralement exploser.

« Avec son staff technique, il a fait un gros travail. Par rapport à son prédécesseur, il est plus souple dans ses relations avec les joueurs, il n’est pas là pour diviser afin de mieux régner. La fédération a fait le bon choix en changeant de sélectionneur car sans cette décision, le Maroc n’aurait jamais réalisé ce parcours », tranche Mustapha Hadji, un des meilleurs joueurs de l’histoire du football marocain et africain.

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En nommant Regragui, la FRMF a misé sur un entraîneur jeune, binational et réputé pour avoir un management plus souple que celui de Halilhodzic. « Il est né en France, y a été formé et y a effectué presque toute sa carrière de joueur, avant de passer ses diplômes d’entraîneur. Mais ce qui est important, c’est que c’est un binational, ancien international, qui connaît bien le Maroc et qui est polyglotte. Grâce à tout cela, il a su créer une atmosphère au sein de l’effectif alors que par le passé, il y avait des scissions entre binationaux et locaux, qui pouvaient en partie expliquer un manque de résultats », reprend Ouaddou. « Si le sélectionneur était étranger, les joueurs locaux pouvaient penser qu’ils seraient désavantagés. Et si le coach était local, ce sont les binationaux qui se posaient la même question… »

Approche humaine

Peu de temps après sa nomination, Regragui a convaincu certains joueurs dont Hakim Ziyech, en froid avec Halilhodzic, et Abderrazak Hamed Allah, fâché depuis 2019 avec sa fédération, de venir disputer la Coupe du monde. « Autant Vahid Halilhodzic est prêt à mourir avec ses idées, autant Regragui est plus souple. Il est du genre à penser qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Ce qui l’intéresse, c’est de tirer le meilleur de chacun pour le bien du groupe. Il est proche des joueurs mais très exigeant par rapport au cadre qu’il a défini, un cadre au sein duquel il laisse une certaine liberté. Son approche humaine est différente et cela fonctionne », commente un proche de l’effectif.

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Avant le Mondial au Qatar, Walid Regragui et la FRMF ont décidé d’inviter les familles des joueurs, dont leurs mères, « une excellente initiative qui a sans doute eu un effet positif sur le parcours de la sélection », insiste Ouaddou.

Casser les codes

Cette volonté de mettre ses joueurs dans les meilleures conditions s’est accompagnée d’une communication parfaitement adaptée à sa stratégie. Lors des conférences de presse, Regragui, bavard impénitent et doté d’un solide sens de l’humour, a cassé les codes de ces rendez-vous habituellement sans grand intérêt. « Il s’exprime très bien et cela l’aide à faire passer ses messages. Le principal, pour lui, c’est de prendre la lumière afin de libérer ses joueurs d’un maximum de pression, pression qu’il est prêt à assumer », note ce membre de la FRMF sous couvert d’anonymat.

Qu’il termine troisième ou quatrième, le Maroc aura réussi une Coupe du monde bien au-delà de ses espérances et de tous les pronostics. Même s’il faut rendre grâce à Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) qui avait pronostiqué une finale Cameroun-Maroc. À une équipe près, il n’était pas loin…

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