États-Unis : à droite toute pour Romney

Toujours devancé par Barack Obama dans les sondages, Mitt Romney, officiellement intronisé par le parti républicain mardi 28 août, a choisi comme colistier l’ultraconservateur Paul Ryan. Pas sûr que cela suffise pour l’emporter en novembre.

Les candidats républicains en meeting en Virginie, le 12 août. © AFP

Les candidats républicains en meeting en Virginie, le 12 août. © AFP

Publié le 29 août 2012 Lecture : 3 minutes.

En choisissant Paul D. Ryan comme colistier pour la présidentielle du mois de novembre, Mitt Romney, que le parti républicain a officiellement intronisé mardi 28 août, n’a pas fait dans la dentelle. Héros du Tea Party, Ryan, 42 ans, souhaite en effet démanteler tout ce qui reste de l’État-providence américain : Medicare (l’assurance santé des Américains les plus âgés), le programme d’aide alimentaire aux plus démunis (food stamps) et, bien sûr, l’assurance santé universelle, si difficilement mise en place par le président Barack Obama. Baptisé « Feuille de route pour l’avenir de l’Amérique », son plan prévoit la bagatelle de 4 000 milliards de dollars (plus de 3 200 milliards d’euros) de coupes budgétaires au cours de la prochaine décennie, assorties d’importants allégements fiscaux pour les Américains les plus riches. De quoi en effet changer le pays en profondeur !

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Le budget fédéral est l’obsession de ce représentant du Wisconsin nourri aux idées ultralibérales de Friedrich Hayek et de Milton Friedman. Élu à l’âge de 28 ans pour le premier de ses sept mandats, il devient en janvier 2011 président de la commission budgétaire de la Chambre des représentants. L’été dernier, il n’hésite pas à mettre le gouvernement au bord de la banqueroute lors du conflit sur le relèvement du plafond de la dette, et s’oppose déjà farouchement à toute augmentation des impôts des plus fortunés.

Conservateur

Pourtant, curieusement, Ryan n’a pas toujours été convaincu que, pour paraphraser Ronald Reagan, « le gouvernement est le problème, non la solution ». Orphelin de père à 16 ans, il a bénéficié de subsides de la sécurité sociale pour pouvoir étudier à l’université dans l’Ohio. Et, à la différence de Romney, il a voté pour le plan sauvetage de l’industrie automobile lancé par Obama. En 2008, il a même admis, du bout des lèvres, avoir sollicité l’une des aides prévues par le « paquet » de mesures gouvernementales destinées à relancer l’économie.

Travailleur acharné – à Washington, il dort souvent dans son bureau -, Ryan est aussi conservateur sur le plan des moeurs que sur celui de l’économie. Catholique, marié à une avocate fiscaliste et père de trois enfants, il est opposé à l’avortement, même en cas de viol et d’inceste. Pour le reste, son programme relève de l’ultraconservatisme de la plus stricte obédience : opposition au mariage gay, renforcement du droit de port d’armes (la chasse est son grand hobby), etc.

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Le choix de Ryan – qui, on l’a compris, est une personnalité très « clivante » – n’est, pour Romney, pas sans risque. Dans un premier temps, il a dynamisé la base conservatrice du Parti républicain et entraîné un afflux de dons. Mais le soufflé est semble-t-il déjà retombé. La cote de popularité de Ryan ne dépasse pas 50 % d’opinions favorables, tandis que Romney ne grappille qu’un petit point dans les sondages face à Obama. D’ordinaire, l’annonce de la désignation d’un colistier se traduit par un bond de plusieurs points.

Électriser les foules républicaines

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Il faut dire que le démantèlement de Medicare, même si Ryan se défend aujourd’hui de vouloir y procéder, est de nature à effrayer les électeurs les plus âgés, notamment dans l’État stratégique de la Floride. Quant aux convictions sociales du colistier, on peut sans doute rêver mieux pour séduire les femmes et les indépendants ! Surtout, depuis l’annonce de sa désignation, les questions budgétaires sont revenues au premier plan. Le président sortant, dont le talon d’Achille est l’économie, ne va sûrement pas s’en plaindre.

Toujours distancé dans les sondages par Obama, Romney, pour tenter d’inverser la tendance, a donc choisi de mettre le cap à droite et de parier sur la seule mobilisation de l’électorat républicain (selon un article du New York Times, moins de 5 % de celui-ci serait encore indécis). Pour électriser les foules républicaines – dans l’ensemble plutôt blanches, masculines et vieillissantes -, Paul Ryan est sûrement le colistier idéal. Pour l’emporter au mois de novembre, c’est une autre histoire.

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