Développement : vers une révolution verte

François d’Adesky est ancien représentant de l’organisation des Nations unies pour le développement industriel (Onudi) à Madagascar, au Sénégal, au Ghana, en Afrique du Sud et auprès de l’Union européenne, aujourd’hui consultant international établi à Bruxelles. Il est de nationalité belgo-rwandaise.

Publié le 29 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Le « monde d’hier » désigne pour nous la période qui commence le 3 février 1509 avec une bataille navale au large de Diu, en Inde, et s’achève le 2 avril 2009 avec la réunion du G20 consacrée à la nouvelle architecture financière internationale. Pendant ce demi-millénaire, l’Occident a dominé la planète.

Début 1509, la flotte portugaise affronte celle d’une coalition composée de forces mameloukes, ottomanes et indiennes (zamorin de Calicut et sultanat du Gujarat), assistées techniquement par la République de Venise et celle de Raguse (l’actuelle Dubrovnik, en Croatie). Les Portugais l’emportent et s’emparent de zones clés sur les rives de l’océan Indien : Mombasa, l’archipel de Socotra, Mascate, Ormuz, Goa, Ceylan et Malacca. Ils contraignent ainsi le commerce « terrestre » de la soie et des épices, auparavant aux mains des Arabes, Turcs et Vénitiens, à emprunter les voies maritimes sous leur contrôle. Leur monopole sur le commerce maritime international dura jusqu’à l’émergence des puissances maritimes hollandaise puis anglaise.

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L’expansion planétaire de l’Occident avait donc, dès l’origine, des motivations mercantiles. Elle déclencha une lutte fratricide pour le leadership et son corollaire, la maîtrise du commerce international et de l’expansion coloniale. Les puissances européennes – Portugal, Espagne, Hollande, France, Allemagne et Angleterre – se succédèrent sur le devant de la scène. La lutte ne s’acheva qu’après la Seconde Guerre mondiale : le leadership devint alors américain.

Qu’en est-il de la solidarité entre États ? Avant le milieu du XXe siècle, elle n’existait pratiquement pas. Il n’y avait guère de solidarité qu’entre personnes et groupes de personnes liées par une communauté de destin. Il fallut attendre les deux conflits mondiaux du XXe siècle et la création de la Société des Nations, en 1919, puis celle de l’Organisation des Nations unies, en 1945, pour que, petit à petit, l’Occident enclenche en faveur des peuples du Sud l’ébauche d’une « solidarité mondiale » entre États, via l’aide au développement. Il y eut dans les années 1970 l’esquisse d’un « dialogue Nord-Sud », mais cette aide au développement ne deviendra jamais une véritable solidarité mondiale : il n’y avait pas d’égalité entre les partenaires. Les puissances occidentales n’envisageant pas une seconde de renoncer à leurs zones d’influence dans le Sud, l’aide au développement se fondait sur des motivations au mieux caritatives, au pire mercantiles, mais en aucun cas « équitables ».

Le 2 avril 2009, lors du sommet du G20, les pays émergents acceptent d’aider les Occidentaux. Une nouvelle ère commence.

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Il fallut attendre la crise financière de 2007-2008 pour voir le premier exemple d’une véritable solidarité mondiale. Le 2 avril 2009, les chefs d’État du G20 se réunirent à Londres. Pour la première fois dans l’Histoire, il s’agissait de prendre des décisions financières au niveau planétaire. À l’issue de ce sommet réunissant sur une base égalitaire les anciens maîtres du monde et les représentants de peuples jadis colonisés, les puissances émergentes acceptèrent d’aider les Occidentaux à surmonter la crise financière et à relancer la croissance. C’était la fin de la domination sans partage de l’Occident. Et le début d’un monde multipolaire.

Même s’il est aujourd’hui en déclin, surtout sur le plan démographique, l’Occident lègue au monde un héritage essentiel : l’ensemble des valeurs définies par la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), qui grave dans le marbre le principe d’égalité. Malgré ses errements et son insupportable sentiment de supériorité, l’Occident impérial a toujours nourri en son sein des êtres « éclairés » qui avaient compris que l’humanisme des autres peuples n’était pas moins respectable que le leur. Ce respect mutuel nous mène vers la solidarité mondiale.

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Il est primordial que les principaux pays émergents s’engagent davantage pour répondre aux défis de notre temps, qu’ils soient économique, énergétique, alimentaire, climatique ou hydraulique. Intimement liée aux défis environnementaux, la solidarité mondiale ne deviendra pérenne que si les décisions du récent sommet de la Terre (Rio+20) sont suivies d’effet. Si apparaît peu à peu une nouvelle société « verte ». Ce serait une nouvelle révolution planétaire, une révolution écologique.  

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