L’avertissement d’un chef druze libanais à la Syrie

Walid Joumblatt est le chef de la communauté druze au Liban. Hostile à Bachar al-Assad, il tente de rallier les druzes syriens au soulèvement contre le régime.

Walid Joumblatt, chef de la communauté druze au Liban. © AFP

Walid Joumblatt, chef de la communauté druze au Liban. © AFP

Publié le 5 septembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Walid Joumblatt, leader de la minorité druze du Liban, a passé une journée particulièrement éprouvante ce dimanche, jour où il reçoit habituellement les doléances dans son imprenable et ancestral palais des montagnes du Chouf. Au lieu de quoi il a dû s’occuper d’apaiser les tensions entre les chauffeurs de taxi druzes et chiites. Car ce ne sont ni l’État ni ses serviteurs, mais bien les dix-sept clans confessionnels et leurs suzerains qui font la loi au pays du Cèdre. Joumblatt sait parfaitement ce qui se passe quand les querelles intercommunautaires dégénèrent. « Nous devons vivre avec les chiites », dit-il avec lassitude.

Le dernier choc sérieux entre les Druzes et le Hezbollah, quand ce dernier eut envahi Beyrouth-Ouest, en mai 2008, avait ramené le pays dans un flash-back effrayant de la guerre civile de 1975-1990 et anéanti sa fragile cohésion, contraignant l’intellectuel druze à se transformer en chef de guerre, par défaut. Le père de Walid, Kamal Joumblatt, a mené la coalition islamo-progressiste contre les chrétiens au début de la guerre jusqu’à son assassinat par la Syrie, en 1977. La realpolitik de la survie a aspiré le fils dans l’orbite de la Syrie, où il balance depuis entre une alliance inconfortable et une opposition affichée à Bachar al-Assad. Car pour un chef druze, ou de n’importe quelle autre minorité d’Orient, la survie de la communauté exige une élasticité politique inimaginable. Joumblatt a d’ailleurs souvent joué un rôle crucial dans la réussite d’alliances interconfessionnelles.

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Appel

Son hostilité envers les Assad est maintenant à son apogée, alors qu’il essaie de rallier les Druzes de Syrie, dépourvus de leader, au soulèvement contre le régime. Pas étonnant qu’en mars, le jour du 35e anniversaire de son assassinat, il ait placé sur la tombe de son père un drapeau de l’opposition syrienne. D’après lui, en Syrie, le régime bâti autour des Alaouites, alliés à d’autres minorités, a éliminé presque tous les champions de la cause druze, et beaucoup de membres de la communauté « se sont docilement rangés aux côtés du pouvoir », déplore Joumblatt. « J’ai l’impression que mon appel [aux Syriens] commence à porter ses fruits. Ils comprennent parfaitement que, si [le régime] tombe, ils devront vivre avec la majorité sunnite », poursuit-il, estimant cependant que ce n’est pas pour tout de suite : « Je crains que cette bataille ne dure encore un certain temps et qu’elle coûte cher en vies humaines », sans compter qu’elle exacerbera les haines interconfessionnelles. « Ça va se passer comme au Liban. On sait de quelle manière ça a commencé et comment cela s’est terminé. »

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