Burkina – Wagner : les propos de Nana Akufo-Addo jugés « très graves »

Le Burkina Faso se dit « profondément affecté » par les déclarations du président ghanéen affirmant que Ouagadougou a « conclu un arrangement » avec le groupe paramilitaire russe Wagner.

Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Paris, le 13 octobre 2022. © Vincent Fournier pour JA

Publié le 17 décembre 2022 Lecture : 3 minutes.

Le Burkina Faso a qualifié de « très graves », ce vendredi 16 décembre, les propos tenus deux jours plus tôt par le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Washington. « Ces 48h ont été marquées par les propos du président Nana Akufo-Addo sur une prétendue passation de marché entre le gouvernement de la transition et une société privée russe. Une note verbale de protestation a été adressée au Ghana », a expliqué le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré, affirmant que le Burkina était « profondément affecté » par ces déclarations.

« Nous avons écouté l’ambassadeur du Ghana et lui avons fait savoir la position du gouvernement qui juge très graves les propos venant d’un chef d’État, de surcroît d’un pays ami et voisin », a déclaré Karamoko Jean Marie Traoré. Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur du Ghana au Burkina avait été convoqué et s’était entretenu avec le ministre tandis que l’ambassadeur burkinabè à Accra avait été rappelé pour consultation.

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« Attirer l’attention des partenaires »

Mercredi, lors d’une entrevue aux États-Unis avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le président ghanéen Akufo-Addo, avait assuré que le Burkina avait « conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner« . « Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », avait-il ajouté, précisant que, selon lui, « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana.

Lors de son entretien avec le ministre, l’ambassadeur du Ghana, Boniface Gambila Adagbila, a assuré que les propos de son président « ne visaient pas à condamner le Burkina Faso, ni à semer le doute dans les esprits », selon le compte-rendu de la rencontre, publié par le ministère des Affaires étrangères burkinabè. « L’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso », a-t-il ajouté.

En réponse, le ministre Traoré a estimé que le « Ghana aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations ».

Nous essaierons de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du pays

Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou mène une campagne d’influence active, notamment sur les réseaux sociaux, et jouit d’un soutien populaire grandissant, quand la France y est de plus en plus vilipendée. Certains pays accusent la junte au pouvoir au Mali d’avoir recours aux services de Wagner, réputé proche du régime de Moscou, ce que Bamako dément.

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Le Premier ministre à Moscou

La question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose également au Burkina depuis le coup d’État du 30 septembre, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays peine à faire face à des attaques jihadistes meurtrières récurrentes depuis 2015.

Lundi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a rencontré à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, pour évoquer « les questions prioritaires du renforcement des relations » entre les deux pays, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Interrogé sur ce voyage, le porte-parole du gouvernement burkinabè n’a pas souhaité faire de commentaire.

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Apollinaire Kyélem de Tambèla avait affirmé fin octobre qu’il n’excluait pas de rééxaminer les « rapports » de son pays avec la Russie. « Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit », avait-il dit mi-novembre.

(avec AFP)

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