Libye – Famille Kadhafi : Seif, Saadi et les autres

Le fils et dauphin de Kadhafi attend son procès, pendant que son frère coule des jours tranquilles à Niamey. À Alger, leur soeur Aïcha et le reste de la famille se font un peu plus discrets.

Seif el-Islam, filmé par la télévision libyenne après son arrestation, le 19 novembre 2011. © Eyepress/Libyan TV/AFP

Seif el-Islam, filmé par la télévision libyenne après son arrestation, le 19 novembre 2011. © Eyepress/Libyan TV/AFP

Publié le 5 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Si l’on en croit l’annonce faite le 23 août par le porte-parole du procureur général libyen, le procès de Seif el-Islam doit s’ouvrir en septembre. L’imbroglio juridique autour du fils de Mouammar Kadhafi, disputé par la Cour pénale internationale (CPI) à la justice libyenne, trouverait alors son épilogue.

Sous l’impulsion de son ancien procureur général, Luis Moreno-Ocampo, l’institution avait en effet émis en juin 2011 trois mandats d’arrêt contre Mouammar Kadhafi, Seif el-Islam et le chef des services de renseignements, Abdallah Senoussi, pour leur implication dans des crimes de guerre à partir du 15 février 2011. Or les autorités libyennes voulaient juger elles-mêmes le fils Kadhafi. La CPI n’agissant qu’en dernier ressort, « en cas d’incapacité ou en l’absence d’intention d’agir » de l’État concerné, elle a dû suspendre sa propre procédure après que Tripoli en a contesté la recevabilité. Les relations se sont encore tendues le 7 juin quand une équipe du Bureau du conseil public pour la défense de la CPI a été arrêtée à Zintan. Tripoli reproche aux quatre membres de la CPI d’avoir transmis des documents et pièces de nature à faciliter l’évasion de Seif, mais a fini par les relâcher le 2 juillet.

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Fortunes diverses pour les Kadhafistes

Resté auprès de son maître jusqu’au bout, l’ex-ministre de la Défense Aboubakr Younès Jaber a été abattu à Syrte le 20 octobre. Arrêté le même jour, Mansour Dao, chef de la sécurité personnelle du « Guide », est toujours détenu à Misrata. L’ex-ministre du Pétrole Chokri Ghanem est mort noyé dans le Danube – un accident, a conclu la police autrichienne. L’ex-Premier ministre Baghdadi Mahmoudi, arrêté à Tunis, a finalement été remis à Tripoli pour être jugé.

Restent les fugitifs. Béchir Salah Béchir, ancien directeur de cabinet et « grand intendant » de Kadhafi, a pu fuir en France. Sous le coup d’un mandat d’Interpol, il écumait encore, début mai, les palaces parisiens. Le beau-frère Abdallah Senoussi est à Nouakchott, et le président mauritanien Abdelaziz n’est pas pressé de l’extrader. Le « Monsieur Afrique », Ali Triki, s’est installé au Caire. Libre de ses mouvements, il a séjourné à Paris en juin. Quant à Moussa Koussa, le patron du renseignement et dernier ministre des Affaires étrangères, il était aux dernières nouvelles l’hôte du Four Seasons de Doha.

L’intéressé, qui avait été capturé par des rebelles le 19 novembre 2011 dans le sud du pays alors qu’il tentait apparemment de fuir vers le Niger, est toujours maintenu en détention à Zintan. Il n’est pas maltraité, selon le compte rendu des visites de Human Rights Watch et du Comité international de la Croix-Rouge. Depuis son arrestation, sa main droite est bandée et trois de ses doigts ont été amputés, conséquence d’un « raid aérien de l’Otan un mois avant [s]a capture », a-t-il confié à une journaliste de Reuters. En Libye, personne n’en croit un mot et l’on se souvient que ces mêmes doigts, un soir de février 2011, menaçaient les rebelles de faire couler des rivières de sang.

On dit aussi que la capture du dauphin, le plus beau trophée de la révolution, a valu son poste de ministre de la Défense à Oussama el-Jouili, le puissant chef de la brigade de Zintan. Voilà sans doute pourquoi les ex-rebelles de cette ville du djebel Nefoussa maintiennent jalousement leur otage au secret, le déplaçant de villas en maisons, sous la garde fébrile d’hommes de confiance. Une solution provisoire avant qu’une prison de haute sécurité soit construite à Tripoli, selon le Conseil national de transition (CNT).

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Fanfaronnade

De son côté, Saadi Kadhafi, autre fils du tyran, continue de mener une vie de nabab à Niamey, où il s’est réfugié en septembre 2011. Sous le coup d’une « notice rouge » d’Interpol pour détournement d’argent depuis le 29 septembre 2011, il s’est même remarié. Le gouvernement nigérien a rejeté la demande d’extradition du CNT, qui l’accuse de fomenter des troubles. L’ancien footballeur raté aurait d’abord cherché une destination plus en phase avec sa vie de play-boy, à savoir Trinidad, les Bahamas ou encore le Mexique. Ce que confirme son garde du corps australien, Gary Peters, qui a monté son exfiltration pendant l’été 2011. Depuis, Saadi a émis le souhait de rentrer en Libye. Pure fanfaronnade.

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Sa soeur Aïcha Kadhafi fait quant à elle profil bas depuis de nombreux mois. Réfugiée à Alger en compagnie de sa mère Safia, de son frère Hannibal et de son demi-frère Mohamed, la fille gâtée du colonel a testé à deux reprises la patience de ses hôtes, en appelant les Libyens à se révolter contre le nouveau pouvoir. La dernière fois, après la mort de son père, cela a fait sortir de ses gonds le pouvoir algérien, qui lui a alors rappelé sèchement la condition de son hospitalité : le silence.

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