Le Ghana suspend le paiement d’une partie de sa dette extérieure, avant restructuration
Le pays cherche à restructurer sa créance après un accord passé avec le FMI le 13 décembre.
« Nous annonçons la suspension de tous les paiements du service de la dette pour certaines catégories de notre dette extérieure, en attendant une restructuration », a annoncé le ministre ghanéen des Finances, Ken Ofori-Atta, le 19 décembre.
« Nos ressources financières, y compris les réserves internationales de la Banque du Ghana, sont limitées et doivent être préservées dans ce moment critique. Cette suspension est une mesure d’urgence provisoire dans l’attente d’accords futurs avec tous les créanciers concernés », a-t-il ajouté. Elle concerne une grande partie de la dette extérieure, les eurobonds, les prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales du pays. Sont exclus de cette suspension le paiement des échéances sur la dette multilatérale et sur les nouveaux emprunts contractés à partir de ce 19 décembre.
Vers une nouvelle dégradation de la note ?
Pour l’économiste ghanéen Daniel Anim Amarteye, cette suspension pourrait cependant éroder davantage la confiance des investisseurs dans l’économie. « Cela pourrait affecter notre crédibilité aux yeux de la communauté des investisseurs au niveau mondial et notre capacité à aller sur le marché (obligataire) dans un avenir proche », a-t-il déclaré. « Cette décision conduira à une nouvelle dégradation de la note par les organismes internationaux de notation. »
Trois grandes agences internationales ont toutes dégradé la notation de la dette du Ghana, signe de l’inquiétude des investisseurs quant à son potentiel défaut de paiement. « Le ministère n’a pas encore engagé le dialogue avec les créanciers. Qu’ils acceptent ou non les conditions du ministère des Finances est une autre question », a-t-il souligné.
Grave crise économique
Avec une inflation historique de plus de 50 %, l’effondrement du cours du cedi – la monnaie locale s’est dévaluée de plus de 50 % par rapport au dollar américain, ce qui a contribué à augmenter la valeur de la dette de 6 milliards de dollars –, des prix à la pompe qui ont doublé et une dette dont le remboursement avale la moitié des revenus de l’État, le Ghana est aux prises avec une grave crise économique.
C’est pour éviter un défaut de paiement que le président Nana Akufo-Addo s’est tourné vers le FMI, lui qui avait autrefois promis un « Ghana sans aide ». Ainsi, le gouvernement a signé la semaine dernière un accord de renflouement de trois milliards de dollars dans le but de consolider les finances publiques.
Une partie importante de l’accord avec le FMI consiste à ramener le pays à une dette viable par le biais d’une restructuration, en demandant aux investisseurs d’échanger leurs obligations contre de nouvelles obligations arrivant à échéance plus tard. Nombre de Ghanéens craignent qu’avec cet accord, le gouvernement ne soit forcé d’imposer de nouvelles mesures d’austérité qui accableraient un peu plus la population.
(avec AFP)
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