RDC : Paris « condamne le soutien » du Rwanda au M23
Dans un communiqué puis par la voix de sa secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires étrangères, la France a condamné l’appui de Kigali à la rébellion du M23. Paris dit néanmoins vouloir « parler avec tout le monde » pour « trouver une solution ».
La France est-elle en train de changer de cap ? Lundi 19 décembre, pour la première fois, Paris a fait officiellement état du « soutien » de Kigali aux rebelles du M23, dans l’est de la RDC. « Nous condamnons le soutien que le Rwanda apporte au groupe M23 et nous demandons que les processus de Luanda et de Nairobi puissent être intégralement mis en œuvre », a déclaré Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, dans un communiqué.
En visite à Kinshasa ce mardi, la secrétaire d’État française auprès de la ministre des Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, n’a pas dit autre chose. « La France a toujours défendu et défendra toujours l’intégrité et la souveraineté » de la RDC, a-t-elle commencé devant la presse. Mais aujourd’hui, « nous constatons le retour d’une situation tragique dans l’est de la RDC. C’est insupportable et c’est inacceptable », a-t-elle poursuivi.
« Il y a des responsabilités et la France n’a aucune difficulté à les pointer, a ajouté Chrysoula Zacharopoulou. Le M23 doit cesser les combats, se désengager et rendre les territoires occupés […]. Le Rwanda, car il faut le nommer, doit cesser son soutien au M23. Il faut en finir avec la répétition de l’histoire dans cette région. » Et de répéter que « la France condamne le soutien apporté par le Rwanda » au M23, tout en précisant que « le rôle d’un ami, ce n’est pas seulement de dénoncer, c’est aussi d’aider à trouver une solution ».
Des accusations également reprises par l’ambassade d’Allemagne en RDC ce mardi, qui a dit sur Twitter attendre du Rwanda « qu’il cesse immédiatement tout soutien au M23 ».
Nous attendons du #Rwanda qu'il cesse immédiatement tout soutien au #M23 et contribue à une résolution rapide de la crise au Nord-Kivu 🇨🇩! https://t.co/z36Xc7fIo9
— Allemagne RDC (@Allemagne_RDC) December 20, 2022
Ces allégations s’inscrivent dans la lignée de celles formulées par les autorités congolaises, mais aussi par des experts de l’ONU et par la diplomatie américaine. Pourtant, le président rwandais, Paul Kagame, a plusieurs fois démenti tout lien avec les actions du M23. « Le problème n’a pas été créé par le Rwanda, et n’est pas le problème du Rwanda, a-t-il encore déclaré mercredi dernier. C’est le problème du Congo. »
Kigali doit « user de son influence »
Jeudi 15 décembre, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait, lui, appelé le Rwanda à « user de son influence » sur le mouvement rebelle et dit soutenir « pleinement » l’accord de Luanda afin de trouver une issue au conflit dans l’est de la RDC.
Le M23 (« Mouvement du 23 mars »), qui a repris les armes fin 2021, a conquis de larges portions d’un territoire situé non loin de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu en RDC. Au moins 131 civils, dont 17 femmes et 12 enfants, ont été exécutés par balle ou à l’arme blanche fin novembre dans deux villages de l’est de la RDC, selon une enquête de l’ONU. Rendue publique la semaine dernière, cette dernière accuse directement la rébellion du M23.
(Avec AFP)
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