Éthiopie : des barrages titanesques

Addis-Adeba met le paquet sur sa production hydroélectrique grâce à plusieurs barrages. Celui de la Renaissance, le plus gros du continent, sera livré en 2014.

Le site des Trois-Gorges, en Chine. © Sipa

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ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 29 août 2012 Lecture : 2 minutes.

Développement : l’Afrique idéale
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Développement : l’Afrique idéale

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« Château d’eau de l’Afrique » : de la Guinée à la RD Congo, le titre est revendiqué par plusieurs pays. Mais s’il en est un qui peut légitimement y prétendre, c’est bien ­l’Éthiopie. Le pays, d’une altitude moyenne de plus de 2 000 m, connaît une très généreuse saison des pluies. L’énorme potentiel hydro­électrique qui en découle (estimé à 45 gigawatts – GW) pourrait donc fournir une partie de l’énergie nécessaire à une Afrique de l’Est en plein essor (le continent dans sa totalité consomme 488 GWh par an).

C’est toute la stratégie adoptée par Addis-Abeba en 2005, et qui devrait lui permettre de multiplier par sept sa production hydro­électrique lors des cinq prochaines années. Le barrage de Gilgel Gibe III, sur la rivière Omo (qui coule des hauts plateaux vers le Kenya, un de ses futurs clients), devrait être achevé courant 2013 et plus que doubler la puissance installée. Les ONG craignent toutefois son impact sur le mode de vie de la population en contrebas, étroitement lié au niveau du lac Turkana qu’il alimente.

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63 milliards de mètres cubes

Mais la pièce maîtresse du dispositif éthiopien reste le gigantesque barrage de la Renaissance, sur le Nil Bleu (principal affluent du Nil), à mi-chemin entre Addis-Abeba et Khartoum et dont la construction devrait s’achever en 2014. Les chiffres du futur barrage, le plus puissant du continent, donnent le tournis : il devrait avoir une capacité de 6 GW (soit la puissance de près de quatre réacteurs nucléaires de dernière génération), coûter quelque 5 milliards de dollars (4 milliards d’euros, qu’Addis-Abeba a prévu de financer seul, s’appuyant notamment sur un grand emprunt), mesurer 145 m de haut et 1 800 m de long, et enfin retenir un bassin de 63 milliards de mètres cubes, soit le double du lac Tana, le plus grand du pays.

Le projet suscite des tensions avec l’Égypte, qui craint que les évaporations d’eau et autres usages agricoles de la retenue ne rognent sur ses « droits historiques » à l’utilisation des eaux. Mais le Premier ministre éthiopien, Mélès Zenawi, a affiché sa détermination : « Nous mettrons toutes nos forces et chaque centime de nos économies dans l’achèvement de notre programme. »

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