Ibrahim Traoré expulse la coordonnatrice de l’ONU au Burkina Faso

L’Italienne Barbara Manzi a été déclarée « persona non grata » et priée de quitter Ouagadougou ce vendredi. La junte au pouvoir lui reproche d’avoir « terni » l’image du pays.

Un véhicule blindé des Nations unies, dans les rues de Ouagadougou, le 3 octobre 2022 au lendemain du putsch contre Damiba. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

Publié le 23 décembre 2022 Lecture : 3 minutes.

La coordonnatrice de l’ONU au Burkina Faso, l’Italienne Barbara Manzi, a été déclarée « persona non grata » et « priée de quitter le pays », dès ce vendredi 23 décembre, par la junte dirigée par Ibrahim Traoré. Selon un communiqué du ministère des Affaires Étrangères, « Barbara Manzi, coordonnatrice résidente du système des Nations unies, est déclarée persona non grata sur le territoire du Burkina Faso. Elle est donc priée de quitter le Burkina Faso aujourd’hui même, le 23 décembre 2022 ».

« Longue liste de récriminations »

Selon la ministre des Affaires Étrangères, Olivia Rouamba, cette expulsion se justifie notamment par le fait que Mme Manzi a décidé « unilatéralement » de retirer le personnel non essentiel de l’ONU à Ouagadougou. « C’est jeter le discrédit, ternir l’image du pays et décourager les potentiels investisseurs. C’est inconcevable et nous devons prendre nos responsabilités », a-t-elle ajouté, lors d’une interview sur la RTB, la télévision nationale.

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« Au-delà de ces faits, il nous est revenu que Mme Manzi prédisait le chaos au Burkina Faso dans les prochains mois. Nous ne savons pas sur quelles bases elle peut le faire. De gros efforts sont faits sur le plan sécuritaire et l’ONU devrait se constituer en structure de soutien », a poursuivi la ministre.

Depuis 2015, le pays peine à faire face à des attaques meurtrières de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et l’Etat islamique qui ont fait des milliers de morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leurs foyers.

Bonne coopération avec l’ONU

Mme Rouamba a toutefois souhaité faire la différence entre « la personne de Mme Manzi et l’ONU », avec laquelle le Burkina « garde toujours une très bonne coopération ».

Une source diplomatique a confirmé à l’AFP qu’une « longue liste de récriminations » ont conduit « la diplomatie burkinabè à prendre ses responsabilités ». Outre la demande du retrait du personnel non essentiel, il est aussi reproché à Mme Manzi une « tentative d’influence négative » et de « s’immiscer dans les affaires politiques du Burkina », selon cette source. Les représentants des Nations unies à Ouagadougou n’étaient pas immédiatement joignables vendredi après-midi.

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Cette expulsion intervient quelques jours après celle de deux Français qui travaillaient pour une société burkinabè et qui étaient soupçonnés par les autorités d’être des espions.

Sur les pas du Mali de Goïta

Le Burkina n’est pas le premier Etat ouest-africain à expulser un responsable onusien cette année. En juillet, le Mali, pays voisin du Burkina, également pris dans une grave crise sécuritaire, avait expulsé Olivier Salgado, le porte-parole de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), pour avoir publié, selon la junte au pouvoir, des « informations inacceptables » au lendemain de l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako.

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Mme Manzi, qui était également coordonnatrice humanitaire de l’ONU, était en poste au Burkina Faso depuis août 2021. Elle avait présenté ses lettres de créances à l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier 2022 par un coup d’État militaire mené par Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Ce dernier a lui-même été renversé fin septembre par le capitaine Ibrahim Traoré. Son Premier ministre, Apollinaire Kyélem de Tembela, a souhaité mi-novembre « diversifier les relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso ». Il a également affirmé que « certains partenaires » n’avaient « pas toujours été loyaux », sans citer de pays. Alors qu’il a effectué récemment une discrète visite à Moscou, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose au Burkina depuis le coup d’État qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré.

Jeune Afrique avec AFP

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