Un Noël à l’occidentale en Afrique ?
Largement assimilée sur le continent, la célébration de la nativité aux relents païens sera célébrée, avec des nuances.
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 24 décembre 2022 Lecture : 2 minutes.
Comme chaque année, la commémoration de la naissance de Jésus crée l’effervescence chez les Africains, qui jonglent avec deux casse-têtes. Primo, le budget de fin d’année qui annonce déjà la « janviose », galère de janvier. Secundo, les impasses de calendrier, les achats étant souvent de dernière minute et la couture sur mesure des habits de fête marquée par le retard de livraison des tailleurs débordés…
Chaque année, à Noël comme à la Tabaski, les « noceurs » déplorent la hausse des prix, particulièrement significative, cette fois, avec les effets de la crise ukrainienne. Et comme si les tensions guerrières européennes ne suffisaient pas, certains pays du continent doivent composer avec une crise sécuritaire qui impose recueillement, sobriété et même, parfois, interdiction de pétards dont le caractère ludique est indécent et les sonorités trop proches de détonations…
Rite tropicalisé
Tous les pays qui célèbrent Noël ne suivent pas strictement les mêmes rites. Certains ont minutieusement tropicalisé l’esthétique occidentale avec des filaos « enguirlandés » en guise de sapins de Noël, des crèches exposées au « grand dehors » plutôt que dans le salon et des Pères Noël dont l’épiderme visible est assez peu représenté dans sa Laponie finlandaise d’origine.
Certains ressortissants d’Éthiopie ou d’Égypte célèbreront Noël le 7 janvier du calendrier grégorien, selon le calendrier de l’année julienne. À l’offreur de cadeaux en manteau rouge, des Libériens préfèreront une mascotte qui ne distribue pas de présents, mais parcourt les rues pour en mendier. En Gambie, Noël rimera avec le carnaval de « Fanal parade », où les fêtards exhiberont ces fanaux, petits navires fait de papier et de bâtons de bambou, généralement décorés de bougies. Au Kenya se dérouleront des veillées appelées « Kesha »…
La malédiction du dimanche
La période des fêtes étant l’occasion de ralentir le travail avant Noël et de le suspendre pendant, les champions du farniente ont été désolés de constater que les 25 et 31 décembre tombaient, cette année, des dimanches. Perte de jours fériés pour les travailleurs, sauf certains, comme les ressortissants du Burkina Faso, où l’État déclare férié les lendemains de jours fériés qui tombent un dimanche. Un pays des Hommes intègres où le 3 janvier est également chômé, anniversaire du Soulèvement populaire de 1966. Inutile, donc, de quémander un service public à Ouagadougou entre le soir du 29 décembre et le matin du 4 janvier…
Et pendant que certains Africains tentent de donner à leur réveillon une allure plus européenne qu’européenne, des « toubabs » en mal d’exotisme tentent de se consoler du climat glacial avec des colorations africaines. En France, les marchés de Noël africains pullulent de Colmar à Bourg-en-Bresse, en passant par le treizième arrondissement de Paris…
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