Au Sénégal, le journaliste Pape Alé Niang en grève de la faim est transféré à l’hôpital
Le journaliste, renvoyé en détention depuis six jours pour des « informations de nature à nuire à la défense nationale », est « très éprouvé » par sa grève de la faim et « a été évacué à l’hôpital principal » de Dakar.
Pape Alé Niang a été évacué dans la nuit de samedi à dimanche, annonce son avocat Me Moussa Sarr à Jeune Afrique. Le journaliste a d’abord été admis aux urgences de l’hôpital principal de Dakar avant de rejoindre un pavillon de l’établissement, où il demeure sous la surveillance de gardes pénitentiaires. « Il est très éprouvé par sa grève de la faim » qu’il observe « depuis sa nouvelle incarcération mardi 20 décembre », a affirmé Me Moussa Sarr, confirmant une information de la Coordination des associations de presse (CAP), une confédération syndicale locale.
Patron du site d’information Dakar Matin, Pape Alé Niang avait été renvoyé en prison le 20 décembre après avoir été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire le 14 décembre. Son contrôle judiciaire était intervenu après plus d’un mois de détention près de Dakar pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles ».
La presse vent debout contre les autorités
Le parquet de Dakar avait annoncé le 20 décembre dans un communiqué avoir obtenu la révocation de ce contrôle judiciaire. Il l’avait justifié par les « sorties médiatiques » du journaliste qui sont « une violation des obligations » qui lui « faisaient défense de communiquer sous aucune forme sur les faits objets de poursuite ». Or, selon le parquet, « l’inculpé a largement contrevenu à ses obligations en abordant volontairement lors de ses lives sur Youtube les faits poursuivis » et pendant lesquels il a mené « des attaques injustifiées aussi bien contre une autorité de la police que contre les enquêteurs ».
Alors que les avocats de Pape Alé Niang ont fait appel de la décision du parquet de révoquer la libération provisoire du journaliste, ils précisent qu’une nouvelle demande pourrait être introduite sous peu, afin d’avoir « davantage de visibilité, étant donné qu’en cas de demande de libération provisoire devant le juge d’instruction, le parquet à dix jours pour répondre ».
La détention du journaliste a suscité une vague de critiques de la presse et de la société civile contre les autorités. Le Sénégal est volontiers loué par ses partenaires pour ses pratiques démocratiques, mais les défenseurs des droits humains nuancent cette appréciation.
Le Sénégal est 73e pays sur 180 au dernier classement sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays a perdu 24 places par rapport à 2021.
(Avec AFP)
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