États-Unis : Condi et le buzz du discours anti-Obama
Depuis un discours violemment anti-Obama, début juillet, la rumeur enfle : et si Condoleezza Rice était la colistière de Mitt Romney lors de la présidentielle de novembre ?
C’est le dernier nom sorti du chapeau. Ancienne secrétaire d’État de George W. Bush, Condoleezza Rice, 57 ans, serait, à en croire la rumeur, bien placée pour figurer au côté de Mitt Romney sur le « ticket » républicain pour la présidentielle de novembre. À l’origine de ce buzz, un virulent discours prononcé début juillet en présence du candidat lors d’un dîner de levée de fonds. Sa cible ? Barack Obama, sa politique internationale jugée trop conciliante, son laisser-aller budgétaire… « Il est temps de prendre d’assaut Washington », a-t-elle trompeté.
Un discours surprenant de la part de la très policée Condi Rice, ex-égérie de Mouammar Kadhafi, aujourd’hui distinguée professeure à l’université Stanford. Difficile de cerner sa personnalité énigmatique – et sa récente autobiographie n’y aide guère. On sait qu’elle a grandi dans le Sud ségrégationniste au sein d’une famille de la classe moyenne noire, qu’elle est passionnée d’art lyrique – elle avait surnommé sa voiture Boris Godounov, titre d’un opéra de Moussorgski -, qu’elle est bilingue en russe et dure au mal : adolescente, elle se levait à 4 h 30 pour prendre des leçons de patinage artistique et de piano. Mais elle refuse toutes les étiquettes, fût-ce celle d’Africaine-Américaine, au risque d’être accusée d’avoir « trahi sa race ». Elle est favorable à la discrimination positive, dont elle a bénéficié, mais refuse tout misérabilisme.
« Il n’y a pas d’excuses à avoir et pas de place pour les victimes », a-t-elle un jour déclaré avec la même férocité qu’elle manifeste aujourd’hui à l’égard d’Obama. Autre fait marquant : sa vie sentimentale et familiale confine au néant. On ne lui connaît qu’un amour de jeunesse, un footballeur (américain) professionnel…
Ultracompétente
Rice a toujours déclaré ne pas être intéressée par le job de vice-président, même si, austère et ultracompétente, elle en a le profil. C’est l’anti-Sarah Palin, la pasionaria ultraconservatrice dont John McCain avait eu, en 2008, la très mauvaise idée de faire sa colistière. Il est certain qu’une femme, noire de surcroît, permettrait aux républicains de marquer des points dans des catégories d’électeurs plutôt favorables à Obama. Pourtant, même si rien n’est exclu, il paraît peu probable que Rice soit choisie. Sur nombre de sujets, elle diffère trop de Romney. S’agissant du droit à l’avortement, par exemple, elle se déclare « modérément pro-choice » : inacceptable pour l’aile dure du parti. Le candidat y est lui très hostile, après y avoir été, dans le passé, favorable. Et puis le nom de Rice évoque décidément trop les années Bush et la calamiteuse guerre d’Irak (à laquelle, comme l’on sait, Obama a mis un terme). Une période que les Américains souhaitent avant tout oublier.
Surtout, Rice n’a aucune expérience des joutes électorales. Professorale et guindée, on l’imagine difficilement tenir le choc dans un débat télévisé face à un animal politique comme Joe Biden, l’actuel vice-président. Le fait qu’elle vienne de Californie, État acquis aux démocrates, la dessert également. Les sénateurs Rob Portman et Marco Rubio, les actuels favoris pour le poste, viennent l’un de l’Ohio, l’autre de la Floride, deux États stratégiques dans la course à la Maison Blanche. Romney devrait faire connaître sa décision soit après la fin des Jeux olympiques, soit lors de la convention républicaine de Tampa, en Floride, fin août. Quelle qu’elle soit, Condi Rice n’en fera pas une affaire d’État. Au lendemain de son discours anti-Obama, alors que le buzz s’emparait de Washington, elle donnait un récital de musique classique dans le Montana…
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