Nord-Kivu : le Rwanda contre-attaque

Réfutant tout soutien à la rébellion congolaise du M23, Kigali répond point par point au rapport du groupe d’experts de l’ONU. Et met en cause l’impartialité de son chef.

Combattants du M23 sur la route de Rutshuru, le 28 juillet. © Sipa

Combattants du M23 sur la route de Rutshuru, le 28 juillet. © Sipa

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 8 août 2012 Lecture : 2 minutes.

Accusé par les chancelleries occidentales de soutenir la rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23), qui marque des points dans le Nord-Kivu, et sommé de s’expliquer, le Rwanda contre-attaque. Le 30 juillet, Kigali a envoyé aux Nations unies un document qui répond point par point au rapport sur la RD Congo publié le 27 juin par un groupe d’experts de l’ONU.

Le Rwanda estime par exemple que, contrairement à plusieurs témoignages cités par le document et certaines ONG, il est impossible d’organiser un entraînement discret de renforts destinés au M23 dans le camp de Kanombe (situé côté rwandais), ce dernier étant accessible à de nombreux civils. Il affirme en outre que, à la différence de l’armée congolaise, ses forces armées ne disposent plus de canons 75 mm et autres lance-grenades antichars (que le M23 s’est procurés) depuis leur « élimination des arsenaux en 2008 ». Pour Kigali, la cause est entendue : le rapport des experts est « partial et malhonnête ».

En ligne de mire, l’Américain Steve hege, accusé de sympathies pour les extrêmistes hutus.

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Pour la presse rwandaise, cette partialité s’expliquerait par les convictions personnelles de son coordonnateur, l’Américain Steve Hege, accusé de sympathie avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda. Hege est notamment l’auteur d’un article, « Comprendre les FDLR », paru en 2009 dans une publication de l’ONG Peace Appeal Foundation, où il semble adopter le point de vue des extrémistes hutus, écrivant qu’ils « feraient mieux d’attendre des négociations politiques lorsque l’opinion internationale se sera finalement retournée contre le régime rwandais » de Paul Kagamé.

Dégradation récente

La dégradation des relations entre Kigali et le groupe d’experts est récente : jusqu’en 2011, les écrits de ce dernier témoignaient d’une collaboration régulière du gouvernement rwandais. C’est lors de l’élaboration du rapport sur le M23 que celles-ci se sont détériorées. Les experts se plaignent notamment de « ne pas avoir été reçus […] lors d’une visite à Kigali du 12 au 14 mai ».

Les nouveaux arguments du Rwanda peuvent-ils convaincre le Conseil de sécurité de l’ONU ? « Les Occidentaux sont de plus en plus convaincus que le Rwanda cherche à gagner du temps », estime un diplomate d’un pays membre. Invoquant son devoir de réserve, Steve Hege a refusé de répondre aux questions de J.A. Sa version des faits ne sera pas connue avant la publication d’un rapport final, prévue pour novembre.

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