Hillary Clinton : il y a une vie après Obama
Alors que le président américain est en fin de mandat, à quoi songe sa secrétaire d’État ? À l’Afrique, où elle est en tournée. Mais peut-être aussi à son avenir politique.
Une tournée d’adieux, ou un nouveau départ ? Pour ses derniers mois à la tête du département d’État, Hillary Clinton multiplie les voyages. Avec une prédilection pour l’Afrique : après le Liberia, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Cap-Vert en janvier, l’Algérie, la Tunisie et le Maroc en février puis l’Égypte en juillet, elle effectue jusqu’au 10 août une tournée dans sept autres pays du continent (Sénégal, Soudan du Sud, Ouganda, Kenya, Malawi, Afrique du Sud et Ghana).
À Dakar, le 1er août, elle a félicité Macky Sall pour son élection et annoncé que les États-Unis aideraient le Sénégal, dont elle a vanté l’exemplarité démocratique, à organiser le procès de Hissène Habré, l’ancien président du Tchad, accusé de crimes contre l’humanité.
Contrecarrer l’influence chinoise
Dans tous ses déplacements, elle prône un partenariat fondé sur la croissance et le développement. Avec pour objectif de contrecarrer l’influence chinoise. Elle invite aussi les entreprises américaines à profiter de la dynamique économique africaine. Les échanges entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne (95 milliards de dollars en 2011) devraient progresser de plus de 22 % cette année. Mais cette politique ne peut s’épanouir dans un climat d’insécurité. Depuis 2007, l’armée américaine a donc créé un réseau de bases aériennes, plus ou moins secrètes, en Afrique de l’Ouest et de l’Est ainsi que dans l’océan Indien. Ses priorités : la lutte contre le terrorisme et la piraterie, le règlement des crises (au Sahel, entre les deux Soudans, en RD Congo)…
Droits de l’homme, promotion des femmes, développement durable… Elle a été de tous les combats.
Hillary Clinton devrait achever sa tournée par une rencontre avec Nelson Mandela, avant d’assister aux obsèques du président ghanéen John Atta Mills, le 10 août. En trois ans et demi, elle a été reçue par près de la moitié des dirigeants du continent, palliant l’absence de Barack Obama qui, lui, n’a fait que deux déplacements en Afrique, au Ghana et en Égypte. Participant à toutes les grandes décisions en matière de politique étrangère – elle a assisté à plus de six cents réunions à la Maison Blanche entre 2009 et 2011 -, Hillary a contribué à redorer l’image des États-Unis dans le monde, très dégradée après les années Bush. Droits de l’homme, promotion des femmes, développement durable… Elle a été de tous les combats. Et n’a pas ménagé ses efforts, parcourant près de 1,3 million de kilomètres et visitant plus de cent pays.
Messages forts
Ses détracteurs lui reprochent d’avoir peu influé sur les décisions en matière de défense (la traque de Ben Laden, l’utilisation des drones), sur les relations avec le Pakistan et l’Iran ou sur la relance du processus de paix au Moyen-Orient. En Afrique, en revanche, elle a pleinement rempli sa mission en envoyant des messages forts aux dirigeants qui s’accrochent au pouvoir ou privilégient les successions héréditaires. « Le mouvement que nous voyons éclore dans les pays arabes a déjà pris racine dans nombre de pays africains, leur avait-elle lancé lors de son discours à l’Union africaine, en juin 2011. Changez s’il en est encore temps, ou c’est vous qui serez changés. »
Le mandat d’Obama s’achevant à la fin de 2012, la secrétaire d’État réfléchit désormais à son avenir. « J’ai eu une vie formidable ces vingt dernières années. J’ai vraiment été au plus haut niveau de la vie politique américaine », confiait-elle en mars. Il y a quelques mois, 70 % de ses compatriotes approuvaient son action au département d’État. De quoi l’inciter à concourir de nouveau pour la présidence en 2016, quand Obama ne portera plus les couleurs démocrates. Elle aura alors 69 ans.
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